Edito: Alysson, l'indigne récupération

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Arthème Agenda - 27/09/2023

Le suicide est un drame. Toujours. Dans toutes les circonstances du monde. Celui de Alysson, cette jeune barbière liégeoise qui a tout perdu dans la crise du Covid, en est un, évidemment. Un sentiment d'injustice exacerbé aussi par le fait qu'elle n'avait que 24 ans. 

Combien grande devait être sa désespérance pour en arriver à cette extrémité irréversible. Combien profond devait être l'abîme au bord duquel elle se sentait. Comme effectivement beaucoup d'indépendants, de petits commerçants, doivent se sentir après autant de mois de galère et de perspectives très peu encourageantes.

En revanche, la rapidité avec laquelle d'aucuns ont récupéré le drame d'Alysson pour en faire un symbole des victimes de la crise frise l'indignité.

A commencer par certains médias qui n'hésitent pas à se repaître et hurler avec les loups sur le drame des indépendants sans même savoir qui était Alysson. Sans même se demander si, derrière cette histoire terrible de victime de la crise, d'autres éléments n'entrent pas en compte dans le geste désespéré de la jeune fille. Et en rajouter des couches empreintes de fausse empathie aux relents commerciaux.

Récupération de certains indépendants aussi, qui n'hésitent pas à partager sur les réseaux des contre-vérités en précisant que l'Etat ne fait rien pour eux dans le cadre de la crise. Car s'il est vrai que les mécanismes d'aide sont loin d'être parfaits, s'il est vrai qu'Alysson a sans doute été mal informée sur ses droits et son statut de toute nouvelle entrepreneuse (et c'est déplorable que personne ne l'ait fait), s'il est vrai que la galère est totale pour des milliers de gens, s'il est vrai aussi a contrario que des aides sont parfois distribuées à des entreprises qui n'en ont absolument pas besoin, il est faux et injuste de dire que l'Etat n'a rien mis en place pour aider les entreprises. Dont certaines se sucrent même au passage avec un sens éthique et de la solidarité tout relatif...

Et puis, il y a la récupération politique. Certains se sont empressés sur les réseaux sociaux. D'autres, comme Raoul Hedebouw du PTB, ont foncé dans la brèche au Parlement pour fustiger un gouvernement qui serait presque responsable de la mort d'Alysson. Politique de bas étage.

Tout cela est indigne. Et ne sert une fois de plus qu'une cause: celle de la division entre les citoyens mais aussi de l'éloignement du politique et de la société. Aucune mort ne peut être récupérée, à aucune fin. Surtout quand elle advient dans de si tristes circonstances qui ne demandent qu'une chose: se taire et respecter.


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