Surchargée, sous-financée et inefficace: à Charleroi, le procureur Vincent Fiasse tire la sonnette d’alarme. Il dénonce un système judiciaire au bord de la rupture, où les peines ne sont plus exécutées faute de moyens.
Année après année, la justice donne de plus en plus le sentiment d’un système à bout de souffle. À Charleroi, le procureur du Roi, Vincent Fiasse, a décidé de parler, et son message est clair: on est dans une situation schizophrénique. « Ça fait des années que nous les signalons, il y a des rapports qui sont établis tous les ans pour expliquer la situation dans laquelle on est, rappelle Vincent Fiasse, le procureur du Roi de Charleroi. Les peines de prison ne sont pas exécutées, car il y a une surpopulation carcérale, il n’y a pas assez de places dans les IPPJ, les peines de travail ne sont pas exécutées, car la commission de probation n’a pas assez de ressources non plus. En gros, le système a atteint ses limites ».
Faire plus avec moins, voilà ce qu’on demande aujourd’hui à la Justice
Dans les coulisses du Palais, le quotidien ressemble davantage à un parcours du combattant qu’à une machine bien huilée. « Un magistrat de garde a entre 60 et 100 appels par nuit », met en avant Vincent Fiasse. Il faut également ajouter à cela les 3 000 nouveaux dossiers par an que les magistrats reçoivent sur leur bureau dont seulement 5% se retrouveront au tribunal.
Il faut que les moyens suivent, pas simplement de belles paroles. Il faut que les peines soient exécutées, de la même manière en ce qui concerne les peines de travail. La situation est identique au niveau des jeunes. La population dit que ce n’est pas normal, nous aussi, on dit que ce n’est pas normal. Pour nous, c’est même schizophrénique.
À Charleroi comme ailleurs dans le pays, on attend des actes, et cette lenteur a un coût, car elle alimente le sentiment d’impunité.
Face à cet immobilisme significatif, le parquet de Charleroi va demander à ce que tous les dossiers soient reportés, sauf exception, précise-t-on.
Mouvement de grogne aussi à l'auditorat du travail du Hainaut
L’auditorat du travail du Hainaut annonce vouloir reporter les affaires non urgentes devant les tribunaux correctionnels et de police, et ne plus rendre d’avis devant le tribunal du travail, sauf pour les dossiers jugés les plus urgents.
Via cette décision, l'autorité judiciaire entend "se joindre au mouvement de protestation généralisé au sein de la magistrature", à l'occasion des projets de réforme de la pension des magistrats et de dénoncer le sous-financement structurel de la justice, "tel qu'il se perpétue depuis des années et les conséquences néfastes qui en découlent pour le respect de notre État démocratique".
En concertation avec les autres entités du ministère public, l'auditorat du travail du Hainaut a décidé à partir du mercredi 30 avril 2025 de solliciter le report des affaires non-urgentes devant le tribunal correctionnel et devant le tribunal de police et de ne plus rendre d'avis devant le tribunal du travail, sauf dans les matières considérées comme les plus urgentes, comme avec le CPAS ou avec Fedasil.
Via le communiqué de presse, l'auditorat du travail du Hainaut rappelle également que "les magistrats doivent voir leur indépendance préservée en toutes circonstances, que les conditions de travail de ces derniers se sont dégradées substantiellement au cours du temps, que les magistrats effectuent actuellement des gardes de jour comme de nuit qui restent encore et toujours non rémunérées ou encore que la réforme envisagée porte gravement atteinte à un statut qui doit pourtant garantir une magistrature indépendante, diverse, attractive et qui défend des équilibres à respecter dans un État de droit."
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