"Petites", le documentaire de la carolo Pauline Beugnies, revient sur l'affaire Dutroux vue par les enfants de l'époque.

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Hier soir, La Trois a diffusé "Petites", un documentaire de la carolo Pauline Beugnies, qui aborde l’affaire Dutroux du point de vue des enfants de l’époque. Une histoire chorale émouvante, racontée sur fond d’images d’archives d’enfance insouciante dans les nineties, parasitée par le récit médiatique de l’affaire. Un film aussi interpellant que touchant, qui fera vibrer tous les adultes d’aujourd’hui. Un documentaire à découvrir également sur Auvio, avant une éventuelle sortie dans les salles de cinémas, notamment au Quai 10 à Charleroi, dans le courant du mois de novembre.

Il y a 25 ans, le 20 octobre 1996, plus de 350 000 manifestants défilaient en silence dans les rues de Bruxelles. C’était la Marche blanche, l’écœurement et la tristesse de tout un pays marqué par l’affaire Dutroux. Dans son documentaire Petites, Pauline Beugnies (Rester Vivants, Shift) choisit d’aborder ces événements du point de vue des mômes eux-mêmes. Ces enfants de la télé qui étaient devant le JT cette année-là. Qui, à l’âge de Dragon Ball ou de La Petite Sirène ont vu la cache sordide de la cave, les pelleteuses qui creusent le jardin à la recherche de corps, les cercueils blancs de Julie, Mélissa, Ann et Eefje, puis les foules d’adultes appelant à la mort devant les voitures de police.

Ils avaient entre 6 et 17 ans à l’époque. Pour certains, l’affaire Dutroux a signé la fin des virées à vélo dans la campagne. D’autres y ont découvert l’existence des violences sexuelles. Certains ont, aussi, senti monter la colère impuissante face au système judiciaire. Ces images des JT, souvent consommées sans explications des adultes, ont façonné durablement leur vision du monde. 25 ans plus tard, la réalisatrice recueille les témoignages de cette « génération Marche blanche ». Un récit collectif touchant, racontée sur fond d’images d’archives d’enfance insouciante dans les nineties, dans lesquelles viennent interférer les archives médiatiques de l’affaire.

Pauline Beugnies a rencontré une trentaine de témoins, francophones et flamands, dont les 40 heures de témoignages fournissent la matière du film. Un podcast devrait voir le jour pour pouvoir développer cette matière d’une richesse exceptionnelle. Durant le documentaire, nous ne connaîtrons pas leurs noms, nous ne verrons pas leurs visages. Ils sont les plus anonymes possibles, car ils sont un peu tous les Belges de cette époque. Pour les donner à voir, Pauline Beugnies a choisi de superposer leurs voix à des images VHS familiales amateur de ces années-là: fêtes d’anniversaire, courses à vélo au jardin, fancy-fairs, luge, câlins avec papa, balançoire à la plaine de jeu… Images heureuses, nostalgiques, qui contrastent avec les archives de reportages JT d’époque et leurs glaçants reportages. 

Ce dispositif renvoie chacun à ses propres souvenirs, à ses propres années 90, fait vibrer une mémoire collective. On dit que chacun se souvient d’où il se trouvait le 11 septembre 2001. Pour les Belges, c’est également vrai pour le 17 août 1996, ce jour terrible où l’on a appris que les corps de Julie Lejeune et Mélissa Russo, «les petites» avaient été retrouvés à Sars-la-Bussières.


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