Edito: Tu peux foirer une fois, mais pas quinze...

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Ceux qui avaient tenu le coup vendredi dernier jusqu'au bout de la tragicomédie médiatico-politique du Conseil National de Sécurité, avaient tous compris pareil: un nouveau CNS se tiendrait le vendredi 1er mai qui devrait donner les balises pour toute une série de secteurs dans le cadre du déconfinement. Très attendue, notamment, la philosophie de la réouverture des commerces.

Or, on apprend aujourd'hui qu'il n'a en fait jamais été question dans le chef de Sophie Wilmès de convoquer le CNS le 1er mai. Sans doute une erreur de communication de plus qui vient s'ajouter à la longue litanie des couacs dans la manière de faire passer le message à la population.

Notez que cela nous évitera de rester comme des boeufs à écouter les journalistes de la RTBF se transformer en vendeurs Ikea et meubler pendant des heures en expliquant que les phares des voitures sont allumés et que "la fin de la réunion est imminente".

Mais, comme dirait Jef Tuche, dans une crise, tu peux foirer une fois, mais pas quinze. A la rigueur, tu peux foirer deux fois, mais pas quinze... 

Or, dans cette crise, on a le sentiment désagréable d'une cacophonie assourdissante depuis le départ. 

Les masques? C'est le foutoir: quatre ministres pour s'en occuper, des commandes tardives, des polémiques sur l'intérêt du port généralisé, des lots impropres à l'utilisation,...

Les tests? C'est le foutoir. Des semaines que le ministre De Backer annonce 10 000 tests par jours, des semaines qu'on y est pas. Et rappelons que les scientifiques veulent 25 000 tests par jour pour pouvoir entamer le déconfinement. Cerise sur le gâteau: la guéguerre entre le ministre et Sciensano sur la manière de comptabiliser les tests...

La comptabilité, justement? C'est le foutoir, notamment celle des décès, ou d'un jour à l'autre on ne sait plus très bien si on peut comparer avec les chiffres de la veille: retard dans les données, méthode de comptage peu claire, etc...

Le déconfinement? C'est le foutoir. Dans la communication, on l'a dit. Là  où la France, par exemple, donne une vision claire du déconfinement via son Premier ministre à un moment précis, La Belgique chipote, commence sa réunion en après midi pour tenir une conférence de presse sans heure précise remplie de slides illisibles et d'approximations. Les relations sont compliquées aussi entre scientifiques et politiques, pas sur la même longueur quant au tempo du déconfinement. Qui, pour beaucoup dans la population, privilégie l'économie au social et aux relations avec ses proches.

Les maisons de repos? C'est le foutoir. Après avoir laissé le personnel soignant et les résidents de côté pendant des semaines, sans mesures de protection, sans matériel,  sans tests, pour s'occuper essentiellement de la gestion de la capacité hospitalière, laissant ainsi naître une véritable épidémie parallèle dans les institutions, le Conseil National de Sécurité propose d'entamer le déconfinement...par la reprise des visites dans les maisons de repos, au coeur de l'incendie. Tollé général, rétropédalage. Et sentiment amer pour les familles.

Bref, c'est le foutoir à tous les étages. Ratages en cascade. Et le sentiment presque plus confus que la Belgique est un "état en faillite" qui cultive le flou. Et entretient l'angoisse de ses citoyens.


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