De demandeur d'asile à responsable d'une ASBL, Ben Ali a dû se serrer la ceinture

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L’histoire de Ben Ali Mohamed Sabiou, c’est celle d’un migrant Camerounais arrivé en Belgique en 2014, en passant par le Maroc et l’Espagne.

Après plus de cinq ans de procédures de demandes d’asile, Dublin, refoulement, décision négative....le rêve de Ben Ali s’est réalisé en 2019 où il a été régularisé. Pendant toutes ces années « d’errance », la couture a été son seul compagnon fiable. Des centres de demandeurs d’asile(en Wallonie ou en Flandre) ou dans des ateliers de fortunes, les bruits des machines de Ben Ali n’ont jamais cessé. Et c’est dans cette profession, qu’il a toujours exercée depuis l’Afrique, que l’enfant du Cameroun va se faire une place dans la ville de Charleroi avec son Asbl Infor(Intégration et Formation) et son festival African Fashion and Expositions Day. Charleroi, ville qu’il considère comme sa maison.

En mai 2014, le jeune homme âgé de 26 ans n'a qu'un seul objectif: rejoindre l'Europe. Comme bon nombre de jeunes africains, sans moyens ou ne pouvant pas obtenir légalement les autorisations pour rentrer sur le vieux continent, Ben Ali décide de prendre clandestinement la route. Le début d'une longue aventure dont il n'imaginait même pas l'issue.

Le désert, la route de toutes les incertitudes

Quand il commence à évoquer ce long périple, son regard est plongé dans le vide, les souvenirs sont vite ressassés: "ça n'a pas été du tout facile, dans le désert on ne voyait pratiquement rien, juste le sable. J'avais tellement soif tout au long du parcours" avance t-il.

Avant d'arriver dans le désert nigérien, il a quitté Yaoundé en train pour Ngaoundéré et après rallier la ville de Yola au Nigéria et de là Maradi au Niger. Dans le désert, abandonnés par un passeur à 50 kilomètres de l'Algérie, ils sont livrés à eux mêmes: "nous étions 17 migrants, mais au fil de la marche le nombre a beaucoup diminué. Les autres, nous n'avons pas de leurs nouvelles. Il faut aller vite, si tu traines, le groupe te laisse. Finalement nous étions quatre à poursuivre la marche, trois tchadiens et moi. Eux ont ont décidé de rejoindre la Libye et moi l'Algérie".

Et comment rejoindre leurs différentes destinations? Un sauveur se pointe au bon moment pour leur donner un coup de main. "Lorsque nous pensons aux moyens pour continuer notre route, un libyen passait et a décidé de nous aider, mais comme je n'allais pas en Libye, cela devient compliqué. Mais il m'a pris dans le coffre et déposé aux portes de l'Algérie et ils sont partis", avance t-il avec une voix calme. Un véritable parcours de combattant qui va l'amener de l'Algérie au Maroc. Grâce à une embarcation, Ben Ali parvient à rejoindre l'Espagne par la ville de Tarifa.

Bienvenue en Europe  

Aux bouts de trois mois de route, le jeune camerounais né le 11 décembre 1988, regagne l'Europe. Son but atteint mais il va se retrouver complètement dans un vide total:" une fois en Espagne, je ne sais où aller, je n'ai aucune destination précise". Il va prendre un mois à réfléchir dans la ville de Villa Nueva. Comme il n'y a toujours pas de solution, Ben Ali met le cap sur Madrid: "Nous dormons dans une station d'essence et déjà 5-6 heures, il faut se réveiller quand l'activité reprend dans la station. Nous errons jusqu'au soir, quand tout est fini, nous revenons se poser" raconte t-il avec émotion. Le rêve qui vire au cauchemar, une décision s'impose. L'un de ses amis, qui a des parents sur place, lui propose de partir en Belgique, et c'était la seule alternative crédible. Août 2014, les deux amis de circonstance déposent leurs valises à la gare du nord à Bruxelles.

La terre promise: "A Charleroi, j'ai eu tout"

"Après le bourgmestre Paul Magnette, je suis plus carolo que toute la population qui vit à Charleroi" raconte t-il souvent avec un ton d'humour. Ces propos ne sont pas du tout anodins: "A Charleroi, j'ai eu tout. J'ai eu une femme et une jolie petite fille(une sénégalaise qu'il a rencontré en 2014 à Charleroi et qui est devenue aujourd'hui sa femme)" raconte Ben Ali cette fois-ci avec joie.

Arrivée le 10 Octobre dans le Pays Noir, il va habiter pendant un moment à la rue Vital Françoise avant de commencer sa procédure de demande d'asile. Sa première maison officielle en Belgique: le centre de Fédasil de Bovigny dans la province de Luxembourg."Même quand j'étais au centre, les weekend je suis toujours à Charleroi".

Une ville qui a conquis son coeur et il ne cesse de lui clamer son amour. Malheureusement les choses ne vont pas se passer comme espérer. Mohamed est renvoyé en 2015, à cause de la procédure de Dublin dont il fait l'objet, en Espagne: "En Espagne j'ai voulu retourner au pays mais j'ai changé d'avis et je suis revenu en Belgique pour une seconde demande". Un retour à la case de départ qui va s'avérer concluant. Après les tours dans les centre de Turnhout, de Binche, il a été régularisé en 2019 dans son dernier centre, celui de Florennes. 

De l'ombre à la lumière

De ce parcours tumultueux, "le plus" grand fan du dessin animé Marsupilami retient une grande leçon de vie: "Tout ce que j'ai traversé m'a forgé, et m'a surtout appris à aider les autres. Tout ceux qui ont besoin de moi, je serai toujours là pour eux". Et c'est ce qu'il fait d'ailleurs en ouvrant son atelier( son atelier est sous la coupole de l'Asbl Infor) à tous ceux qui veuillent s'essayer en couture, sans oublier les masques qu'il a confectionnés gratuitement, à l'appel de la ville de Charleroi, pour les personnes nécessiteuses.

Et ce n'est pas tout, les rêves il en nourrit beaucoup. En s'inspirant de différents festivals Afro à Charleroi ou à Namur par exemple, Ben Ali crée en 2019 le sien, dénommé African Fashion and  Expositions Day: "Dans mon festival, il y a le défilé de mode, des expositions, du Djembé(un instrument de percussion africain), du barbecue. La culture africaine est valorisée mais nous partageons la journée avec toute la population de Charleroi et d'ailleurs" explique t-il.

Si la situation sanitaire le permet, la seconde édition de l'évènement aura en septembre prochain.

 


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