L'édito: Comme un coq sans tête

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Les Fêtes de Wallonie, ça démarre ce week-end à Charleroi. Et vous savez quoi: la Wallonie, elle court toujours comme un coq sans tête après un gouvernement. C'est une chose assez rare pour la signaler: depuis sa création il y a 40 ans, jamais notre région n'a mis autant de temps à trouver un exécutif après les élections. 100 jours. Une éternité.

Alors là, ça s'accélère nous dit-on. On en est aux arbitrages. Et il est probable que le gouvernement se mette en place, ô miracle, à la veille des Wallos namuroises.

Il n'empêche: ce retard à l'allumage à de quoi interpeller. Et surtout, il est la preuve que les réformes de l'Etat successives, censées fluidifier les structures institutionnelles, ne font en fait que les compliquer. Parce que les entités fédérées et fédérale qui, a priori devraient être de plus en plus indépendantes, se tiennent au plus près.

Les partis qui crient urbi et orbi que des majorités différentes au fédéral et dans les régions sont la preuve de la maturité du fédéralisme de coopération tant vanté à l'époque par Yves Leterme, se regardent en réalité en chien de faïence, tétanisés qu'ils sont par les conséquences que la création d'un exécutif pourrait avoir sur l'autre.

En Wallonie singulièrement, le problème est encore un peu plus compliqué: les deux grands perdants des élections (P¨S et MR), qui pourraient très bien gouverner à deux sans le gagnant Ecolo, ne veulent pas le faire tant ils savent que la question environnementale incarnée par les Verts est au coeur des préoccupations citoyennes. Ecolo, ça, le sait aussi. Même s'il joue aussi un brin aux vierges effarouchées en faisant mine d'hésiter avec des socialistes qui ont loupé le train d'une Wallonie très à gauche, et un MR qui a pratiqué l'Ecolo bashing pendant la campagne électorale.

Enfin bref, donc, il y aura probablement un gouvernement qui chantera timidement "le chant des Wallons" dans quelques jours. Après une pluie de deals, de portes qui claquent, de marchandage de tapis façon Tonton. Et tout le monde in fine se félicitera de la belle responsabilité politique collective. Pour combien de temps? Sans doute celui de débrancher la prise au premier coup de Trafalgar en bord de Meuse. Pour savoir comment il faut faire: il suffira juste de demander au Bourgmestre de Namur dont le parti en a fait une spécialité. Et la Wallonie repartira une fois de plus comme un coq sans tête.

 

 


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