Et la suite de l’histoire, c’est la légende des trois Auvergnats qui avaient molesté Charles Quint et ont été condamnés à être pendus. La reconstitution de cette légende a attiré la toute grande foule à Beaumont dimanche. Vincent Boquet et Elena Parisi.
Des milliers de spectateurs
C’est le grand moment du week-end, l’apothéose de la Charles Quint. Le cortège traverse une ville qui a rassemblé des milliers de spectateurs. Tous sont venus admirer le cortège haut en couleur, mais surtout assister au jugement et à la pendaison des trois Auvergnats.
« C’est un franc succès, se réjouit Bruno Lambert, le bourgmestre de Beaumont. La légende dit: ‘’Ville de Beaumont, ville de malheur. Arrivé à midi, pendus à une heure’’. Mais je peux vous dire qu’aujourd’hui, c’est faux. Il y a beaucoup de bonheur. »
Une organisation millimétrée
Le cortège reprend toutes catégories du Beaumont de l’époque: des soldats, des bourgeois, des nonnes et même des pauvres. Et il précède les Auvergnats encadrés par les hallebardiers. Ils sont sous bonne garde, mais ne se laissent pas faire. Ils arrivent régulièrement à s’échapper, avant d’être repris pour le plus grand bonheur du public. Peu après midi et demie, le procès se tient et la sentence est sans appel: la mort par pendaison.
Une potence a été édifiée sur la Grand Place. On y installe les Auvergnats, la corde au cou. Les bourreaux font leur office. C’est la fin des Auvergnats après une dernière phrase qui restera célèbre: « Ville de Beaumont, ville de malheur. Arrivé à midi, pendus à une heure. »
Et quelques secondes après la pendaison du troisième auvergnat, on entendait une heure sonner au clocher de l’église de Beaumont. Une fois encore, la tradition a été respectée. Rendez-vous dans cinq ans.
La légende
Cette légende, la voici:
« Trois chaudronniers auvergnats faisaient route vers Beaumont. Ils comptaient profiter de la franche foire pour commercer leur savoir-faire, rétamer quelques braisières, marmites et bassines. Mais ils n’étaient pas d’humeur charmante, ces Auvergnats.
Maugréaient de leurs harnachements si lourds qu’on eut cru Belzébuth dedans. Ce barda transporté sur leurs épaules meurtries depuis leur village de Salers à travers les campagnes vallonnées d’Artois et de Hainaut. Pestaient contre ce chemin, tout en pentes et raidillons, qui ressemblait par trop à leurs montagnes d’Auvergne. Rageaient contre cette bière qui changeait les soirées de fête en matins douloureux. C’en était trop, Beaumont et sa franche-foire pouvaient attendre. L’aigle doré serait sûrement déjà dressé, au bout de son mât de chêne, sur la grand’place, pour marquer le début des réjouissances. Il fallait qu’ils se reposent. Et tant qu’à faire, déboucher une autre bouteille de ce curieux lambic flamand ou cette cervoise blonde aux senteurs de houblon.Pourtant, ils apercevaient déjà au loin les étendards de gueule et d’argent flottant au-dessus des remparts de la ville. Encore une toute petite lieue et le martyre serait fini. Ils étaient à trinquer qu’un cavalier passe à leur hauteur.
A son allure, ses habits et sa prestance, ce doit être un bourgeois lui aussi attiré par la foire.
– Allons mon bon seigneur ! Auras-tu pitié de trois malheureux colporteurs trempés de sueur et des cloques plein les pieds ?
Devant les trois « pieds poudreux » affalés, la bouteille à la main, le cavalier ne peut s’empêcher de rire.
– Ah çà, roitelet ! De gré ou de force, tu sauras nous aider !
Ils bondissent comme des diables. En deux temps le cheval est saisi par la bride et le cavalier roule dans la poussière. Menacé d’une lame, il se voit chargé d’une hottée de frusques et d’outils, le cheval reçoit le reste.
– En route muscadin ! Ce soir, à Beaumont, nous t’invitons à l’auberge ! Et d’éclater de rire de leur obéissante victime.
Voilà l’équipage en vue de Beaumont. Arrivés à la porte du Saulchoy, changement d’histoire.
L’homme se redresse. En jetant son fardeau aux pieds des trois malfrats, il hèle la milice bourgeoise :
Capitaine, à l’aide! Saisissez-vous de ces vauriens. Ils ont commis à mon égard crime de lèse-majesté. Garrottez-les. Emmenez-les auprès du Prévôt pour qu’il fasse justice!
Les trois hommes sont figés. Ils viennent de molester sa Majesté Charles-Quint en personne ! Notre Empereur bien-aimé venu visiter les Provinces du Nord pour présenter son fils Philippe à sa succession.
Les hallebardiers se ruent sur les colporteurs qui se voient ficelés comme le saucisson qu’ils avaient entamé tout à l’heure. Les douze coups de midi sonnent au clocher.Pendant que le Duc de Croÿ convoque le Mayeur et les sept jurés, le Prévôt et le Lieutenant-prévôt, la nouvelle de l’arrestation parcourt la ville comme une traînée de poudre. Tous se retrouvent sur la place du marché pour assister à la justice du Grand Bailly de Hainaut. Les artisans et bourgeois, les abbés et les béguines, les Serments : culveriniers du Martyr et Ami de Dieu Monsieur Saint-Laurent, arbalestriers de Saint-Georges, archers de Saint Sébastien, les nobles et manants de la région et toute la suite impériale.
Attachés au carcan du banc vert, sous la croix de justice, les Auvergnats entendent la sentence sans appel prononcée par le Prévôt : « Pour avoir commis ce crime odieux de lèse-majesté envers notre souverain bien aimé, empereur d’Allemagne, prince des Pays-Bas et roi d’Espagne ; ces Auvergnats, scélérats, gredins, canailles, fripouilles, serviteurs de cette racaille le roy de France, seront pendus hault et court. Leurs corps seront jetés en pâture aux corbeaux et aux chiens quand ils auront fini de pourrir au gibet. »
Sous les vivats de la foule, les trois sergents de la prévôté s’empressent de traîner les malheureux vers la potence.
Une heure sonne au clocher. Du haut de l’échelle, avant de basculer dans le vide, l’un d’eux annonce cette phrase terrible : « Ville de Beaumont, ville de malheur, Arrivés à midi, pendus à une heure. »
(Source: legende-de-beaumont.be)
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