Eric Ghislain est revenu sur l'histoire des 10 Miles de Charleroi sur Vivacité

Édito: Les 10 miles de Charleroi, dans la foulée des 40 ans - 1985 - 2025

40 ans, on dit que c'est l'âge de la maturité, un moment où on se connaît mieux, où on assume ses choix et où on a plus de recul sur la vie. Et des vies, l’épreuve en a connues plusieurs. Être quadragénaire, ça peut être aussi une période de remise en question, de bilans, voire de nouvelles envies.. Et quand on y pense, les 10 Miles de Charleroi, c’est un peu tout ça: une vie qui n’a pas été un long fleuve tranquille même si la Sambre est une rivière…

Mais puisque l’on dit que toutes les rivières mènent à l’océan, c’est de l’autre côté de l’Atlantique que l’idée de créer cette course trouve sa source.  Nous sommes en octobre 1983. Après avoir escaladé le Mont Blanc et s’être attaqués au Ventoux à vélo, des fous de sport bien de chez nous se mettent en tête de participer au marathon de New-York. La délégation carolo revient de la Grande Pomme sans pépin mais avec l’idée de créer un événement certes moins ambitieux quoique… Un jogging de 20 km, il y en a déjà un à Bruxelles; des courses de 10 km, il y en a déjà plein, partout. Mais, aux Etats Unis, on ne parle pas de kilomètres mais de miles, 1 mile équivalant à 1600 m environ. Bingo! 10 miles, ça pulse; 16 km, c’est original et c’est à la portée de tous avec un peu d’entraînement… 

C’est donc en mars 1985 que se donne le 1er départ des 10 Miles au boulevard Tirou et connaît d’emblée un succès qui va bien au-delà des espérances des organisateurs… Les premières années, on atteint près de 3000 participants. Avec un plateau super relevé d’une part mais aussi monsieur et madame Tout le Monde d’autre part. La mayonnaise prend immédiatement, attirant des stars de l’athlétisme de l’époque: des Belges comme Vincent Rousseau ou William Van Dijk mais aussi des Kenyans, des Ethiopiens, des Russes, des Polonais, bref du beau monde. La course carolo devient vite une fête populaire dans une discipline qui connaît son âge d’or en cette fin des années ‘80, début des années ‘90. Les 10 Miles atteignent des sommets bien que ne passant pas systématiquement par la rue de la Montagne…

Au fil des éditions, quelques athlètes de la région émergent. Puis surviennent les Affaires à Charleroi, en 2005, 2006; le déclin s’amorce… Grandeur et dé-cadence. L’épreuve a de moins en moins fière allure. Le jogging perd de sa popularité, les chantiers se multiplient dans la métropole. On change de dates, on change de parcours, de la course super pro, on en vient à une organisation de plus en plus amateure. On touche le fond voici une dizaine d’années avec moins de 500 participants au départ de l’épreuve reine. 6 fois moins donc qu’au début des années '90. Coup de bambou, la course est sous baxter, le rythme faiblit, l’épreuve est moribonde, on craint que le pouls s'arrête. 

Sous l’impulsion de l’échevinat des sports de l’époque, on assiste lentement à une renaissance en 2017 quand c’est une structure de connaisseurs qui reprend les rênes et redonne petit à petit à l’épreuve ses lettres de noblesse. 

Aujourd’hui, on espère que les 10 Miles vont vivre leur "crise de la quarantaine", qui peut être vécue comme une transition vers un nouveau chapitre plus épanouissant sous la houlette de notre olympien carolo, Ismaël Debjani, qui vient de reprendre le témoin. Après 40 ans de foulées partagées, la légende des 10 Miles de Charleroi va continuer à s’écrire ce dimanche, entraînant passionnés et compétiteurs jusqu’au bout de l’effort…