8 mars : la précarité menstruelle touche encore de nombreuses femmes !

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C’est une problématique qui touche énormément de femmes dans notre pays : la précarité menstruelle. Le coût élevé des protections, l’inaccessibilité à des sanitaires et le manque d’informations empêchent certaines femmes de subvenir à leurs besoins. Un problème méconnu et encore tabou.

Imaginez devoir dépenser chaque mois environ 15 euros, et ce pendant près de 40 ans. Soit jusqu’à 8000 euros sur toute une vie. C’est ce que coûte l’achat de protections hygiéniques à près de 3 millions de femmes en Belgique. Selon une enquête de Synergie Wallonie, 3 répondantes sur 10 ont fait face une fois ou régulièrement à des difficultés financières liées à cet achat. On parle alors de précarité menstruelle, une problématique qui n’est pas sans conséquence.

« 14% des répondantes ont déjà eu des douleurs, une infection ou un choc toxique après avoir gardé une protection trop longtemps ou après avoir utilisé une alternative aux produits périodiques, par manque d’argent.  14% des répondantes ont donc eu un impact sur leur santé. Aussi, 37% d’entre elles ont déjà demandé une protection à une autre personne (charge mentale), d’autres demandent de l’argent ou volent », explique Reine Marcelis, présidente de Synergie Wallonie.

Cette précarité menstruelle touche de nombreuses femmes aux différents statuts : sans emploi, en invalidité, étudiantes ou travailleuses à temps partiel.

 

Une période encore plus compliquée dans la rue

Mais la problématique est évidemment encore plus répandue chez les sans-abris.

« Avoir ses règles dans la rue, c’est super compliqué. On ne peut pas se changer, on n’a pas de toilettes ni de serviettes. Déjà qu’en vivant dans la rue on ne se sent pas très propre, en tant que femme on est dans une situation encore plus compliquée », indique l’une d’entre elles.

Il existe heureusement à Charleroi des associations qui mettent à disposition des protections, mais pas seulement.

« On va leur proposer une douche et des vêtements de rechange. On va également leur proposer des serviettes hygiéniques, et d’autres outils utiles qui facilitent au mieux les conditions dans lesquelles elles vivent quand elles ont leurs menstruations », explique Alexandra Culin, coordinatrice adjointe de l’association « Comme Chez Nous ».

« Je viens ici pour avoir du matériel, mais aussi pour prendre une douche, c’est super important. Parce que je déteste me sentir sale. Heureusement qu’il y a des accueils comme celui-ci, sinon je devrais utiliser des mouchoirs, ou je ne sais pas quoi… mais je ne serais pas dans de bonnes conditions pour cette semaine. »

 

Un problème qui touche les étudiantes

À Charleroi, près de 370 000 serviettes et 23 distributeurs ont été distribuées et placés dans les structures, mais aussi dans des écoles, car la précarité menstruelle touche également les étudiantes.

« Des élèves nous ont expliqué que c’était parfois compliqué d’avoir accès aux protections périodiques. Quelques-unes utilisaient des papiers absorbants pour remplacer la serviette, on s’est donc dit qu’il y avait un énorme problème », explique Catherine Van Malsack, enseignante à l’Athénée royal les Marlaires.

« Beaucoup d’entre nous n’ont pas la chance de pouvoir se payer des protections, car le prix est très élevé. Et puis, ça peut être compliqué de demander aux parents, surtout pour celles qui vivent juste avec leur papa », explique une étudiante.

 

 

Et le manque d’information !

Mais saviez-vous que le manque d'information représente également une forme de précarité menstruelle ?

« 57% des répondantes déclarent ne pas avoir reçu assez d’informations sur leur cycle menstruel, sur les douleurs, etc. », explique Reine Marcelis, présidente de Synergie Wallonie.

C’est pourquoi la Ville de Charleroi, en collaboration avec Synergie Wallonie, compte notamment lutter contre cette facette de la problématique.

« On va fournir à nos écoles une mallette pédagogique afin d’expliquer concrètement ce que c’est les règles. Beaucoup de femmes n’ont pas d’informations, et vivent cette période de manière tabou en ne comprenant pas ce qu’il se passe dans leur corps. Certaines se mettent en danger, nous comptons donc également informer sur les différents types de protections et sur la bonne manière de les utiliser », annonce Julie Patte (PS), échevine de l’Enseignement de Charleroi.

Ce grand plan d’information, mais aussi de distribution débutera dans les écoles Carolo dès le mois d’avril. C’est l’occasion également d’informer les élèves sur l’existence de nombreuses structures qui peuvent vous aider. Retrouvez tous ces lieux sur l’application « Le Bon Plan Carolo ». N'oubliez pas : les règles ne sont pas et ne doivent pas être un sujet tabou !

 

Bon Plan

Et pour information, le gouvernement wallon a décidé d’étendre la distribution de protections hygiéniques gratuites à l’ensemble de son territoire. Une enveloppe totale de 675 000 euros a été mobilisée pour 2023 : en savoir plus.

Apolline Putman


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