Assassinat de Jason à Chimay : l'auteur des faits a comparu devant le tribunal de la jeunesse

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Le tribunal de la jeunesse de Charleroi a entendu le jeune prévenu qui a porté des coups de couteau mortels à Jason Bouillon, en novembre 2022 à Chimay. La victime n'avait que 16 ans. Les avocats des parties civiles ont insisté sur la préméditation.

Rappel des faits. Nous sommes le 24 novembre 2022 à la gare de Chimay. Jason est assassiné à l’arme blanche en fin d’après-midi par un autre jeune de 15 ans. Le lendemain, le parquet fait le point cette affaire et explique que le prévenu s'est rué sur la victime pour lui asséner plusieurs coups de couteau. Jason a ensuite couru vers un bistrot à proximité. Le patron de l'établissement a directement demandé à son équipe d'appeler les secours via le 112. Transporté à l'hôpital, Jason ne survivra pas à ses blessures.

Le point de départ de ce conflit dramatique est pourtant un incident banal : le téléphone du suspect écrasé par mégarde par la trottinette de la victime. Et puis, la petite soeur de Jason harcelée par le suspect. Voilà qui aurait fait monter la tension entre les deux jeunes. Peu de temps avant ce drame, les rôles ont d'ailleurs été inversés : la victime avait porté des coups au prévenu, lui cassant le nez, ce qui avait nécessité une opération. C'est le jour de sa sortie de l'hôpital que le prévenu est passé à l'acte, avec un couteau dont la lame faisait 20 centimètres. 

Le procès devant le tribunal de la jeunesse, trois ans plus tard

 

Plus de 3 ans plus tard, ce 22 mai 2025, le prévenu était entendu devant le tribunal de la jeunesse de Charleroi. S’en sont suivies les plaidoiries des avocats des différentes parties. Effondrée, la famille de Jason affirme vivre une double peine. D’abord celle de la perte d’un proche, mais aussi, le fait que ce drame ne soit pas jugé devant une Cour d’Assises. En effet, l’auteur des coups de couteau n’avait que 15 ans et demi au moment des faits. Et le code pénal ne permet de renvoyer les individus devant une Cour d’Assises qu’à partir de l’âge de 16 ans. Une situation inacceptable aux yeux de la famille de Jason, puisque de ce fait, le prévenu n’écopera pas de peine de prison.

Pour Angélique, une des soeurs de Jason, c’est le vide total.

Face à ce sentiment d’injustice, Angélique a introduit une pétition auprès du Parlement fédéral pour demander un modification de la loi.

"Cette pétition demande que tout mineur d'âge ayant commis de tels délits soit jugé au pénal et qu'il y ait un casier judiciaire pour ces faits à partir de l'âge de 14 ans. Elle demande aussi que l'on puisse rejuger des faits graves avec un effet rétroactif de 10 ans", explique Angélique Bouillon.

Aujourd’hui, la Procureure du Roi a demandé à la Présidente du tribunal une « juste qualification des faits ». Les avocats des parties civiles ont insisté sur la notion de préméditation de l’acte, parlant de « projet criminel », l’auteur des faits s’étant absenté 10 minutes selon les témoins, probablement pour repasser chez lui avant de passer à l’acte, en s’équipant d’une cagoule, de gants noirs et du couteau de 20 centimètres.

La responsabilité des parents du prévenu a également été mise en cause. Selon la famille de Jason et leurs avocats, ils auraient dû se rendre compte que leur fils n’allait pas bien, après avoir vécu des années de harcèlement scolaire et s'être renfermé. Une des avocates des parents du prévenu, Me Carlucci, a rappelé que ses clients "ne minimisaient pas la gravité des faits".

La Procureure du Roi a requis 150 heures de prestations éducatives pour le prévenu, qui s’est ensuite exprimé, précisant qu’il était sincèrement désolé et qu'il aimerait revenir en arrière. Le jugement est attendu le 26 juin.

 

 


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