Charleroi : un conseil communal de rentrée copieux ce lundi soir

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Les autorités communales de Charleroi se sont réunies ce soir pour le conseil communal de rentrée à l’hôtel de ville. Une nouvelle année qui pourrait lancer quelques turbulences d’ordre électoral, selon la présidente de l’assemblée, Marie-Anne Gailly. C’est par ailleurs la première fois que le conseil communal d’après vacances d’été coïncide avec le jour de la rentrée scolaire. 

Parmi les grands débats de cette séance, il y avait la proposition de motion pour renforcer le soutien au peuple palestinien en cessant les liens avec le régime d’apartheid palestinien. Particularité, le groupe PTB a proposé la sienne et le groupe PS a proposé sa propre version. Et il n’est pas facile de s’accorder sur ce vaste sujet :

Pauline Boninsegna, cheffe de groupe PTB au conseil communal de Charleroi rappelle le contexte global : « Le régime palestinien implique une ségrégation vis à vis d’une ethnie en instaurant la supériorité d’une ethnie sur une autre. Les autorités ont dépossédé les palestiniens. Aujourd’hui être palestinien en Israël, c’est être un citoyen de seconde zone. C’est une réalité. M’étant rendue sur place, j’ai pu me rendre compte de scènes que je n’oublierai jamais », explique-t-elle. « Que dire également de l’actuel ministre israélien des finances qui se définit lui-même comme raciste et homophobe. Et lorsqu’il s’agit de palestiniens, le respect des droits internationaux a toujours été bafoué ». 

Et d’ajouter : « Il y a un mouvement international qui demande la reconnaissance des crimes d’apartheid envers le peuple israélien. Je vous demande donc de voter pour notre motion afin de soutenir ce peuple ».

Le chef de groupe PS au conseil communal de Charleroi Jean-Philippe Preumont explique pourquoi les socialistes carolos ont fait leur propre version de projet de motion : « On rejoint le PTB sur pas mal de constats. Nous avons voulu exprimer la position claire de notre parti par rapport à celle du PTB et comme d’habitude, nous n’avons pu nous rejoindre sur certains points et venir ici avec un projet de motion commune. Mais je propose qu’on puisse travailler ensemble un texte commun. Je pense que c’est encore faisable car c’est souvent sur les formulations que nous ne nous entendons pas avec le PTB sur ce sujet, et pas sur le fond. Mais il serait plus judicieux que le conseil communal parle d’une seule voix, pour des thématiques comme celle-ci ».

Le bourgmestre Paul Magnette, au nom du groupe PS, répond par rapport au projet du PTB : « je ne veux pas instrumentaliser le conflit israélo-palestinien. Bien sûr que nous condamnons la colonisation et nous soutenons toutes les initiatives qui sont prises pour lutter contre cette guerre sans fin. En tant que socialiste, je condamne la violence où qu’elle se fasse dans le monde, contrairement à vous. Essayons de créer un lien avec notre politique communale si l’on veut qu’il y ait une motion. Dans vos textes, il y a un certain nombre de maladresses et d’ambiguïtés, alors essayons de nous accorder. Et je rejoint la proposition de Jean-Philippe Preumont ». 

Nicolas Tzanetatos, chef de groupe MR, regrette, comme Paul Magnette, que ce conflit soit instrumentalisé. « Charleroi est multiculturel. Vous arrivez à aller pointer du doigt des conflits dans certains pays et pas dans d’autres. Quand un pays est communiste comme la Russie ou la Chine, vous en prenez la défense ». Jean-Noël Gillard (DeFI) ajoute : « personne d’entre-nous n’est expert en matière de géopolitique. Il est donc important d’être prudent ». 

En réponse, Pauline Boninsegna (PTB) précise que le texte qui a été proposé par le PS ressemble point pour point à ce qui a déjà été voté en 2021. Elle annonce cependant que le PTB reporte la motion d’un mois « car la volonté est effectivement d’avoir un texte commun ». Reste à voir si ce délai supplémentaire permettra de trouver un terrain d’entente.

Santé : les bâtiments publics sont-ils suffisamment équipés en défibrillateurs ?

Parmi les autres points de ce conseil communal de rentrée, le conseiller Nicolas Kramvoussanos (DéFI) intervient au sujet du nombre de défibrillateurs présents dans les bâtiments publics comme les infrastructures sportives ou les écoles. « Tous ces bâtiments en sont-ils équipés et le personnel est-il formé aux premiers soins et à l’utilisation de ces appareils ».

L’échevine de l’Enseignement et des Quartiers Julie Patte (PS), en l’absence de l’échevine de la Santé Alicia Monard (PS), répond qu’un recensement des lieux disposant d’un défibrillateur est en cours en vue d’optimiser l’installation de ces derniers. Elle ajoute que des formations sont régulièrement organisées pour les agents de la Ville et que tout le personnel communal sera remis à niveau.

Les dépôts clandestins encore trop nombreux

Anne-Sophie Deffense (C+) interpelle l’assemblée sur les dépôts clandestins encore trop nombreux. Elle demande où en sont les mesures de surveillance à ce sujet, comme l’installation de caméras intelligentes qui permettent d’identifier plus facilement des auteurs. L’échevin de la Propreté publique Mahmut Dogru (PS) précise : « des cameras de surveillance dites intelligentes devaient être installées mais la personne qui devait les prendre en charge est en incapacité de travail. Cela sera fait prochainement ».

L’application FixMyStreet pour signaler des dépôts clandestins n’est pas utilisée à Charleroi. Mais Mahmut Dogru rappelle qu’il existe un numéro de téléphone gratuit pour le faire, le 0800/240.63

Végétaliser encore plus les quartiers 

Jean-Noël Gillard, conseiller communal DéFI, demande plus de végétalisation au sein des quartiers. « Beaucoup d’opérations ont déjà été faites, mais il en faut plus, notamment en permettant de verduriser les toitures et les façades ». Paul Magnette (PS) précise : « Nous y sommes très attentifs. Nous avons cependant la chance d’être une commune urbaine avec un patrimoine vert important et diversifié. Mais il faut effectivement continuer, notamment au niveau de la végétalisation des espaces publics. Les façades végétales, ça fait débat car cela pose plus de conditions comme l’installation d’un système d’arrosage permanent, sans parler des dégâts que peuvent occasionner les plantations sur certaines façades. Mais d’autres initiatives comme la plantation de nombreux arbres peuvent être des solutions plus efficaces et moins coûteuses ».

L'inauguration Ville Haute 

Les 8 et 9 septembre la Ville Haute et le nouveau pôle universitaire de Charleroi seront inaugurés avec une grande fête populaire après plusieurs années de grands travaux.

Le PTB interpelle le Collège au sujet de ces travaux en rappelant qu’ils ont connu des retards et que « les riverains ont fait les frais de ces longues perturbations mais aussi de nombreux commerçants qui ont dû fermer leur boutique ». Selon le PTB,  « il faut donc faire le point pour garantir que ce quartier retrouve sa dynamique. Est-que la ville va venir en aide aux commerçants qui ont souffert et qui ont malgré tout résisté aux travaux. Les maraîchers ont été déplacés de la place du Manège (et de la place Charles II) vers les rues le long du parc. Est-ce qu’ils vont bien réintégrer leurs anciens emplacements ? ».

Nicolas Tzanetatos (MR) précise par rapport à la préoccupation des maraichers de revenir sur les places du Manège et Charles II : « je trouve que c’est légitime et qu’il est important de leur permettre de revenir à ces endroits ».

Paul Magnette (PS) explique : « oui, les 8 et 9 septembre, on s’attend à une grande fête qui marquera la fin d’un des plus grands chantiers de rénovation urbaine d’Europe depuis des années. Si tout cela a coûté une quarantaine de millions d’euros, c’est parce que tout a été refait dans les moindres détails, notamment en termes d’infrastructures. Après la ville basse, c’est l’une des plus grandes phases de rénovation de Charleroi qui vient de se clôturer. Par rapport à l’Horeca, je rêve de voir nos places noyées de terrasses et de gens qui y prennent un verre. La première bonne nouvelle, c’est que, par exemple à la place de la Digue, l’Horeca fonctionne très bien depuis sa rénovation. La même dynamique devrait donc se produire en centre-ville. La seconde, c’est que nous avons pas moins de 35 demandes d’établissements pour créer une terrasse. Elles sont à analyser mais je pense que nous allons vraiment dans la bonne direction ».

Charleroi, toujours en pénurie de piscines

Le conseiller PTB Thomas Lemaire interpelle la majorité par l’absence de solutions qui perdure pour apprendre aux enfants à nager. De nombreuses piscines sont encore fermées aujourd’hui à Charleroi. « La prochaine génération sera-t-elle encore capable de nager ? ». L’échevin des Sports Karim Chaïbaï (PS) rappelle que la rénovation de la piscine de Marchienne-au-Pont se poursuit. Le début des grands travaux est prévu mi-2024. « Par ailleurs, nous envisageons l’utilisation de piscines de communes périphériques comme Farciennes ou Courcelles qui seront terminées prochainement. Nous investissons aussi pour les piscines de Gosselies et Montignies-sur-Sambre. La conception de Charleroi Les Bains, au Centre de Loisirs de Marcinelle, ne permet pas d’exploiter la piscine durant toute l’année mais nous étudions avec la RCA la possibilité de la couvrir », précise-t-il.

La question de l’offre de kots labellisés en vue de l’arrivée du nouveau campus universitaire dans la métropole carolo a également été abordée ce lundi, notamment via une interpellation du conseiller Jean-Noël Gillard (DeFI). « Nous sommes tous contents d’accueillir un campus universitaire à Charleroi. Mais la rentrée arrive à grands pas mais aucun kot labellisé n’apparaît sur le site de la ville, où cela en est-il ? ».

L’échevine du Logement Laurence Leclercq (PS) explique : « il existe des chiffres, une étude de l’Université Ouverte qui indique un potentiel de 10.000 étudiants à l’horizon 2030 et un potentiel de 2000 logements. Charleroi en dispose de la moitié. Mais il ne faut pas non plus que l’offre de kots dépasse la demande. Nous sommes donc vigilants par rapport au développement de cette offre et nous analysons scrupuleusement les projets et les demandes de permis en fonction de l’évolution de la population étudiante. La création de ces kots se fera donc pas à pas. Et c’est dans l’optique de qualité de logement que nous avons lancé le label C’est Mon Kot à la fin de l’année dernière. Un label qui est bien légal contrairement aux bruits qui ont pu courir. Les communes ont le droit d’instaurer un tel label. Mais nous n’avons pas encore communiqué beaucoup à ce sujet. Les demandes sont donc encore faibles, mais nous y travaillons ».

Ce label devrait en tout cas garantir un logement de qualité, à un prix décent.

La place Charles II s'appellera désormais place Vauban

Le conseil communal a approuvé ce lundi le changement de nom de la place Charles II, face à l'hôtel de ville et qui vient d'être rénovée.

Avant le vote, plusieurs conseillers communaux ont évoqué les réticences exprimées récemment par un couple d'historiens carolos. Selon eux, le changement de nom atténue la référence à Charles II, souverain espagnol "fondateur" de Charleroi puisque ce sont les Espagnols qui ont entamé en 1666 la construction de la forteresse à l'origine de la cité. 

En réponse à ces critiques, le bourgmestre Paul Magnette a évoqué un "choix politique" derrière la décision de donner à la place le nom de l'architecte militaire Vauban. Et ce même s'il n'a apporté qu'une "contribution secondaire", selon le bourgmestre, dans l'édification de la forteresse historique après le départ des Espagnols.
Selon Paul Magnette, Vauban est une des grandes personnalités du 17ème siècle: "Un grand savant, un critique de la monarchie absolue et de l'intolérance religieuse, un défenseur des humbles et des plus faibles", conclu-t-il.

 

Ch. Baneton / Belga

 


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