La Ville de Charleroi a pris connaissance de la lettre adressée à son Bourgmestre, Thomas Dermine, par la compagnie Ryanair, ainsi que des réactions du Ministre-Président Adrien Dolimont concernant la contribution communale envisagée sur l’aéroport.
Et ce mardi en fin de journée, la Ville vient d'envoyer un communiqué de presse car elle souhaite rétablir les faits et apporter plusieurs clarifications indiquées ci-dessous:
Contrairement à ce qui a été affirmé, la contribution communale ne touche ni les passagers ni les compagnies aériennes. Elle vise uniquement l’exploitant aéroportuaire (BSCA), qui réalise un bénéfice net avant impôts de 25 millions d’euros, lui permettant d’absorber largement cette mesure.
Précisons que si cette marge bénéficiaire n’est pas taxée au niveau communal, elle est reversée après impôts à 100 % en dividendes, comme prévu par le pacte d’actionnaires de BSCA, dont 48,2 % reviennent à un groupe italien privé. Pour 2025, cela représenterait un montant de 9,2milions d’euros.
Donc, quand le Ministre-Président wallon s’oppose à la redevance communale de Charleroi sur BSCA, il favorise les intérêts et les dividendes d’un groupe privé basé en dehors de la Wallonie, au détriment de l’intérêt financier légitime de la plus grande ville de sa Région, qui s’efforce d’améliorer sa trajectoire.
À l’inverse, la taxe fédérale est non seulement trois fois plus élevée (10 € vs 3 € par passager), mais elle vise directement les passagers, et donc les compagnies aériennes comme Ryanair.
Il est dès lors surprenant que ce soit la contribution carolo, beaucoup plus modérée, qui concentre les critiques du Ministre-Président, et non la taxe décidée par le Fédéral, dont son propre parti, le MR, est la composante francophone principale. Son partenaire de coalition, Les Engagés, est d’ailleurs solidaire de la décision prise au niveau communal de Charleroi.
M. Dolimont affirme que « trop de taxes tue la taxe ». Quel cynisme quand Ryanair évoque la taxe fédérale prise par le MR comme moteur de sa décision.
La Ville rappelle par ailleurs que le Ministre-Président connaissait cette mesure depuis le début des discussions liées au Plan Oxygène. Le Plan de gestion de la Ville de Charleroi a été validé en avril 2025 par l’ensemble du Gouvernement wallon et reprenait in extenso la contribution de l’aéroport au plan de redressement des finances communales.
« Plutôt que de déplacer le débat sur le versant communal, M. Dolimont ferait mieux d’affronter la véritable montagne de taxes fédérales que le Gouvernement Arizona fait peser sur les citoyens et sur l’économie wallonne. »
Cette montagne-là n’épargne ni les citoyens, ni les passagers, ni les compagnies, ni l’économie wallonne.
La Ville tient également à rappeler un fait essentiel : la Région a explicitement invité les communes à compenser la fin des mécanismes du Plan Marshall par une fiscalité accrue sur les PME.
Charleroi a refusé cette option, estimant injuste et économiquement contreproductive de faire peser une nouvelle charge sur les petites et moyennes entreprises locales.
Plutôt que de taxer entrepreneurs et indépendants, la Ville a choisi une mesure ciblée, soutenable et neutre pour les citoyens comme pour les entreprises du territoire : taxer un seul opérateur (BSCA) qui génère des nuisances et des charges importantes pour la Ville.
Plutôt que de fustiger une contribution équilibrée, il serait attendu du Ministre-Président qu’il porte la voix de la Wallonie au niveau fédéral, là où les décisions majeures se prennent souvent au détriment de la Wallonie — et où son parti siège aux côtés des Engagés.
Ce n’est pas une contribution locale de 3 euros, qui ne touche aucun passager, qui fragilise nos infrastructures. Ce sont les décisions prises sans concertation, et les taxes fédérales bien plus lourdes, que la Wallonie peine à maîtriser.
Et pour conclure, le communiqué de presse indique que "Dans un contexte de chômage historiquement élevé, la Ville de Charleroi appelle les forces politiques francophones à défendre ensemble leurs concitoyens face aux politiques qui affaiblissent chaque jour davantage la classe moyenne."
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