L'activité dans le secteur de la construction reprend tout doucement après les congés du bâtiment. Mais depuis le début de l'année, 1500 entreprises ont fait faillite. Parmi les raisons : le flou autour des primes à la rénovation en Wallonie.
Depuis décembre dernier, Giuseppe est propriétaire d’une petite maison à Gilly, un projet de vie partagé avec sa compagne. Mais très vite, l’enthousiasme a laissé place à l’inquiétude. Isolation, toiture, chauffage, électricité : de lourds travaux étaient prévus et l’espoir de primes régionales devait soulager le budget. « Mon dossier est complet depuis février », explique-t-il. Pourtant, après des mois de silence, l’administration lui a réclamé des documents déjà envoyés. « On ne sait pas, c’est flou », souffle-t-il. « Aujourd’hui, je ne peux plus laisser ma maison dans son état actuel. Je dois avancer, ce que ne me permet pas la procédure d’obtention des primes. Le risque de voir l’hiver causer des dégâts impayables ou irréparables est trop grand. Je ne peux plus attendre. Je devrai me passer des primes », explique-t-il, découragé.
Le temps d’attente est souvent pointé du doigt. Ajoutez à cela une réforme provisoire des primes en Wallonie en février dernier, c’est un flou qui a aussi des conséquences chez des professionnels. À quelques kilomètres, une entreprise spécialisée dans les châssis constate l’ampleur des annulations. « Les clients hésitent, attendent de voir. Les carnets de commandes se vident », confie Thomas Bedetti, cogérant de la société. « A l’heure actuelle, sur 25 devis liés aux primes de la Région wallonne, seuls 3 ou 4 vont au bout. Le reste, ce sont des clients qui ne donnent pas suite ou annulent car ils seront moins remboursés qu’attendu ou que le délai est beaucoup trop long », détaille ce patron d’une boité basée à Gosselies.
Depuis février, la Wallonie applique un régime transitoire de primes. Les montants ont été réduits de près de 60% : la rénovation d’une toiture, autrefois soutenue à hauteur de 10 €, n’est plus indemnisée qu’à 4 € par exemple. L’installation d’une pompe à chaleur, de 1 500 €, est tombée à 600 € concernant l’aide possible pour les personnes qui voient leur demande aboutir. Seuls les ménages aux revenus inférieurs à 38 300 € peuvent encore bénéficier d’une couverture allant jusqu’à 70% des coûts. Les autres (dont les revenus sont supérieurs jusqu’à 114 000 € par an) doivent se contenter de 50%. Enfin, certaines aides ont tout simplement disparu, comme celles liées au chauffage ou aux petits travaux.
Résultat : le secteur encaisse de plein fouet. En partie à cause des hésitations de nombreux clients. Plus de 1 500 faillites d’entreprises de construction ont été enregistrées au premier semestre 2025. Entre la hausse des coûts salariaux, la contraction du marché et donc les incertitudes administratives, la Fédération wallonne de la construction tire la sonnette d’alarme mais veut rester optimiste : « Le régime reste favorable pour les intéressés », assure Salim Chamcham, économiste chez Embuild, la fédération belge de la construction.
Un régime définitif doit entrer en vigueur… mais pas avant le 1er octobre 2026. En attendant, propriétaires et entrepreneurs devront encore composer avec un climat économique et administratif particulièrement incertain.
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