
Cette semaine j’ai eu l’immense chance d’assister au concert d’Alain Souchon au Cirque Royal. Moment de délicatesse, d’humanité, de talent et de bienveillance.
En écoutant ce florilège de chansons plus magnifiques les unes que les autres, je me suis dit que la Souche en 50 ans avait créé un répertoire qui colle littéralement à la vie, à ses grandeurs et ses bassesses, à ses joies et à ses peines. Il y a toujours bien une chanson qui correspond à un moment où à un état d’esprit dans lequel on se trouve.
Prenons par exemple le véritable drame que sont en train de vivre les employés des magasins Cora qui vont tous perdre leur emploi dans quelques mois. Quand l’annonce de la fermeture est tombée, sans doute ont-ils cru que c’était une info bidon. Rapidement pourtant Les travailleurs ont entendu cette petite musique qui leur chuchotait "tais-toi et rame", en se disant “là haut on te mène en bateau”.
Allô maman bobo pour Abderaman, Martin ou David qui tous travaillent avec passion chez Cora depuis 20 30 ou 40 ans. "Quand je serai KO, qu’est-ce que je vais devenir" se demandent-ils tous. Car pour eux, pas de parachute doré, ce sera bonjour tristesse. Tout au plus un petit préavis, c’est déjà ça me direz-vous. Mais à peine de quoi tailler la zone du côté de Rive Gauche. Sans doute ira-t-on leur dire aussi qu’ils ne sont jamais contents.
Comme à ceux du Makro avant eux, ou ceux des trop nombreuses entreprises en Région wallonne et singulièrement dans la région de Charleroi dont on a cruellement l’impression qu’à chaque fois qu’elle relève la tête, un nouveau coup de massue vient lui rappeler que les difficultés socio-économiques sont quasiment inscrites dans ses gènes en dépit d’une résilience rare.
Oh évidemment on pourrait toujours chercher les causes là ou elles sont, dire que le modèle d’hypermarché n’a pas su s’adapter au monde économique moderne, que les grands centres commerciaux au coeur ou aux abords des villes ont vidé de leur raison d’exister les petits commerces et les galeries du type Cora.
On pourrait aussi s’alarmer parce qu’une enseigne comme Cora est également un moteur pour une série d’autres commerces satellites. Les chiffres avancés concernant la menace de pertes d’emplois 1778 en Wallonie et à Bruxelles dont près de 250 rien qu’au Cora de Châtelineau, sont donc probablement largement sous-évalués au regard des dommages collatéraux qui pourraient toucher de nombreux secteurs annexes. Tout ça on pourrait oui… Mais à quoi bon…
Bien sûr on saluera la réaction rapide du gouvernement wallon qui va mettre en place une cellule spéciale au Forem censée permettre aux employés de retrouver rapidement du boulot, peut-être dans un des nouveaux magasins qui viendront remplir les cellules du bâtiment de Châtelineau notamment, qui visiblement a déjà trouvé acquéreur. Mais pour tous ceux et toutes celles qui, plus âgés, moins formés, ne retrouveront pas de boulot immédiatement, planera alors le doute du chômage bientôt limité à deux ans et le risque d’une ultra-moderne solitude qui se profile à l’horizon.
Alors quoi désormais: s’asseoir par terre et pleurer au ras des pâquerettes en attendant que le monde change peau? C’est comme vous voulez. Perso, je préfère plutôt me dire que, si pour tous les Cadors qu’on retrouve aux belles places et qui jouent avec nos existences notre vie ne vaut rien, rien ne vaut la vie…
En vidéo, c'est à déguster ici:
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