TEC: quand une grève individualiste menace le droit de grève

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TEC: quand une grève individualiste menace le droit de grève

Cette semaine, le trafic des bus a été fortement perturbé pendant deux jours à Charleroi. En cause, une grève sauvage de quelques employés du TEC qui ont littéralement pris en otage les usagers pour des motifs personnels.

Il fut un temps où le TEC Charleroi était le vilain petit canard de la mobilité partagée. Pointés du doigt pour des grèves à répétition, souvent sauvages, les chauffeurs carolos avaient il est vrai à une certaine époque la réputation de se croiser les bras à la moindre occasion. En caricaturant un peu on pourrait dire que la plus petite grenouille qui traversait devant un bus sans s'annoncer par un beau matin de printemps, était considérée comme une agression violente et que le moindre éclat inférieur au diamètre d’une pièce de 2 euros dans un pare-brise portait alors atteinte à la sécurité du personnel roulant qui débrayait dans l’heure en mode “pas contents on boude et tant pis pour les étudiants et les travailleurs”.

 

Depuis cela dit, le climat social s’était quand même apaisé aux TEC Charleroi.

Et force est de constater que depuis l’arrivée à la tête du TEC Carolo de Laurent Blanchart, la société de transport est même devenue depuis quelques années un modèle en matière de concertation et de dialogue social, à tel point que les grèves sauvages avaient quasiment disparu du paysage et que l’image grévicultrice qui était jadis véhiculée commençait à plus que s’estomper. Preuve par là qu’un management intelligent qui côtoie un monde syndical toujours ferme mais rationnel peut faire progresser une société autrement que par la confrontation systématique.

 

Mais avec la grève de cette semaine, on a hélas le sentiment d’avoir reculé de plusieurs années en la matière. L’arrêt de travail prolongé dans un puis deux dépôts carolos étaient en effet très peu compréhensible et les motifs en sont restés assez flous. 

Tout au plus sait-on qu’à la base de la grève sauvage déclenchée par quelques-uns et soutenue du tout bout des lèvres par la CGSLB, on retrouve un conflit personnel entre un employé et son supérieur hiérarchique. L’employé avait écopé d’une sanction avec sursis dans le cadre de son travail et ne l’avait pas acceptée. Du coup, on fait du boudin, on rameute quelques camarades et hop, on décide de bloquer toute une région pour des motifs purement personnels en bloquant la sortie du dépôt avec un véhicule fermé à clé. Un comportement susceptible de ruiner une image du TEC carolo qui avait pourtant été redorée.

Scier la branche sur laquelle les syndicats sont assis

Soyons de bon compte: à quelques jours d’une grève nationale qui va paralyser le pays et à l’heure où certains dans le monde politique seraient tout prêts à remettre en cause le droit de grève, un droit pourtant fondamental pour le bon fonctionnement démocratique quand il est utilisé à bon escient, des pantalonnades comme celle de ces quelques grévistes et des comportements pareils teintés d’un égocentrisme forcené envoyant balader pour des raisons fallacieuses l’essence même du service public et du bien commun, sont de nature à discréditer totalement le monde syndical qui n’a pas vraiment besoin de ça. 

Un monde syndical qui, s’il veut survivre et continuer à s’ériger en garant des droits des travailleurs, ferait bien parfois de rappeler à ceux-ci qu’ils ont aussi des devoirs, dont  celui, pour le Tec, de rendre des services à la population qui n’a que faire des batailles d’égos et des intérêts purement personnels de quelques individualistes qui grèvent le vivre ensemble.

 

 


 


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