Conseil communal de Charleroi : l’Arizona au cœur des débats

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Conseil communal de Charleroi : l’Arizona au cœur des débats

Les décisions prises aux autres niveaux de pouvoir se sont invitées au conseil communal de lundi : liaison Charleroi-Bruxelles, sécurité, finances, projets… Résumé des temps forts.

Après une intervention des délégations syndicales (voir en bas de l’article), et une minute de silence afin de rendre hommage à la victime du féminicide à Marcinelle, la séance a débuté. Plusieurs points ont suscité le débat : 

Une liaison Charleroi - Bruxelles VS une gare à BSCA ?

Dans la nouvelle version actualisée de l'accord de gouvernement, l'idée d'une connexion de l'aéroport de Charleroi au réseau ferroviaire de la SNCB a disparu. Sukru Ozkaya, conseiller PS, a demandé des précisions, sur ce projet annulé, mais aussi sur les autres projets ferroviaires éventuels de Charleroi. 

« L’étude montrait que c’était très cher en termes d’infrastructures, indique le bourgmestre, Thomas Dermine (PS). Et puis, en tant que Carolo, je craignais que ça ne risque d’augmenter les nuisances pour les riverains. »

Le bourgmestre a poursuivi avec le nouveau projet ferroviaire numéro 1 : le renforcement de la connexion Charleroi-Bruxelles. 

Actuellement, il faut au moins 1h pour faire ce trajet, c’est le même temps que mettaient nos grands-parents ! Pour aller à Gand, il faut par exemple 27 min.

« Ici, c’est juste une question de moyens, et non d’investissements d’infrastructures, car la liaison existe, poursuit le bourgmestre. C’est très important, car énormément de navetteurs font ce trajet. »

Selon Mr Dermine, cette liaison permettrait aux Carolos de plus facilement se rendre à Bruxelles pour travailler, mais aussi d’amener d’autres talents dans notre Ville. 

« Des décisions vont être prises sur le sujet au niveau du gouvernement fédéral. Je fais appel à tous les députés présents ici, tous partis confondus, pour porter cette revendication. » 

Une erreur ?

« C’était une réelle volonté politique, rappelle Jean-Noël Gillard, conseiller MR-IC. Il n’y aura donc pas de pistes de financement ni de suites ? On en parle pourtant depuis longtemps. C’est un risque d’erreur historique pour Charleroi. Concernant Charleroi-Bruxelles, on en parle depuis des années. Vous ne connaissez ni le dossier ni le terrain : vous pensez qu’aucun investissement ne sera nécessaire, alors que si ! »

« Je vous propose une réponse d’ingénieur, indique le bourgmestre. L’avis technique d’Infrabel indique qu’on peut réduire le temps de trajet sans investissement. On peut gagner 14 min en diminuant des arrêts comme Nivelles. Concernant BSCA, l’aéroport a connu la plus grande croissance de passagers, et ce sans gare, est-ce nécessaire d’aller plus loin ? »

Le bourgmestre a conclu en invitant les conseillers à poser ces questions à qui de droit, au gouvernement, puisque la décision n’a pas été prise à l’échelon local.  

 

Quel avenir pour le Quartier du futur ?

« Un nouveau concept de caserne militaire, axé sur un principe de coopération et de collaboration entre la Défense et le monde civil, prendra place au cœur de Charleroi Métropole », peut-on lire sur le site de la Ville : c’est un projet dont on parle depuis la précédente mandature. Pour rappel, ce Quartier du Futur doit se matérialiser par 2 nouvelles casernes : à Charleroi d’ici 2035 et en Flandre. Mais le nouveau gouvernement mettra-t-il en péril ce fameux quartier dont on parle depuis des années à Charleroi ?

« Le projet devait notamment créer de l’emploi, n’en déplaise au MR, indique Yassine Bouhafa, conseiller PS. Mais dans l'accord du tristement célèbre nouveau gouvernement Arizona, on peut lire qu'il est prévu de ne finaliser qu'un seul des deux projets, et sans surprise c'est celui de Charleroi qui semble être sacrifié. Une coïncidence ? Ou le reflet du peu d’estime envers Charleroi, ou même la Wallonie? »

Réponse du bourgmestre

Ne parlez pas de ce projet à l’imparfait, ça serait une catastrophe, insiste le bourgmestre. C’est un projet extraordinaire pour Charleroi, pour la formation des jeunes, pour les entreprises, pour l’emploi, pour ce quartier.

Le bourgmestre a ensuite parlé de l’évolution du projet : Wallonie Entreprendre et Igretec sont sur le dossier, les accords ministériels ont été actés, la dépollution…

« Le gouvernement n’a pas abandonné l’idée. Il indique qu’il compte réexaminer le projet et qu’il travaille prioritairement sur le projet du nord, en Flandre. C’est simplement parce que le projet a davantage avancé à Charleroi. L’objectif ici est de rattraper le retard de la Flandre avant d’avancer pleinement sur les 2 projets et leur réelle concrétisation. »

Le bourgmestre a invité Denis Ducarme, conseiller MR-IC et député, à se battre « comme des lions en disant que les Wallons ont fait leur job, et qu’il ne faut pas abandonner le projet ». 

Le MR se veut rassurant

Mr Ducarme a pris la parole, assurant que le projet n’est aucunement remis en question. 

« Lisez et choisissez vos combats ! Ici, il y a une volonté claire du MR  (et de ma part) de veiller à sauvegarder cette base militaire, tout en veillant à contrôler les coûts supplémentaires. Ce quartier me réjouit toujours, je le soutenais dans la coalition Vivaldi, je le soutiendrai toujours dans le cadre de l’Arizona. »

Suite au prochain épisode. 

 

Arizona impactera les finances de Charleroi ?

Pauline Boninsegna, cheffe de groupe PTB, a questionné le collège quant à la réforme fiscale prévue par le gouvernement Arizona, qui risque d’impacter les finances des entités fédérées et locales, comme Charleroi. 

« Nous apprenons que le coût devrait être d'environ 90 millions d'euros pour l'ensemble des communes, également via leurs additionnels IPP. Au vu de la situation financière déjà compliquée de la Ville de Charleroi et des mesures d'économie prévues par la convention de prêt signée avec le CRAC, avez-vous déjà mesuré l'impact sur les finances carolos de la réforme fiscale et de la limitation du chômage dans le temps? »

David Jadoul, conseiller PS, posait une question dans le même sens, ajoutant :

« Malgré des mesures de compensation, de nombreuses communes pourraient être confrontées à une baisse des recettes fiscales et à une augmentation des charges des CPAS. Quel impact pour le citoyen et pour les services au public ? »

Réponse du bourgmestre

« En juin 2024, Charleroi fait déjà face à un déficit structurel lié notamment aux policiers, pompiers, pensions, etc. Après la formation du gouvernement régional, des mesures commencent à impacter nos finances (exemple : indexation du fond des communes). Aujourd’hui, avec l’Arizona, d’autres économies sont imposées notamment concernant le chômage. On parle d’une compensation de 60%, mais je suis dans le floue je ne mesure pas encore l’impact. »

Le bourgmestre compte revenir avec des données chiffrées lors des prochains conseils. 

 

Un conseil thématique sécurité ? 

Denis Ducarme est revenu sur le passage de Thomas Dermine (PS) sur Matin Première, où le bourgmestre indique que la violence des narcotrafiquants à Bruxelles lui fait peur. 

« L'accord de gouvernement Arizona prévoit un soutien accru aux politiques de sécurité dans les grandes villes et donc à Charleroi. Il est essentiel que la Ville de Charleroi saisisse cette occasion. Nous voudrions vous tendre la main, travailler ensemble contre la criminalité à Charleroi et mettre en place un conseil dédié à la sécurité et d’y inviter le ministre de l’Intérieur, Bernard Quintin. »

Pauline Boninsegna, cheffe de groupe du PTB, a rejoint la demande d’un conseil thématique. Mais elle a précisé que la première chose à faire, c’est renouer le dialogue avec les agents sur le terrain. Thomas Dermine ne semblait pas contraire à l’idée d’un conseil spécial sécurité, mais rien n’a été acte ou voté. 

 

Les syndicats présents pour la 3e fois 

Depuis le début de la nouvelle mandature, des représentants et travailleurs sont présents aux conseils communaux afin d’exprimer leurs inquiétudes. 3e séance, 3e interpellation. 

Ce lundi, les organisations syndicales ont pris la parole en front commun pour exprimer leurs inquiétudes face au nouveau gouvernement fédéral et ont rappelé, comme la dernière fois, leurs inquiétudes quant à la convention du gouvernement wallon avec la Ville. 

On fait toujours des économies, et les travailleurs sont toujours impactés, indique Philippe Barbion, président de la FGTB Charleroi-Thuin. C’est important que les politiques soient au courant de ce qu’on pense, car nous avons voté pour vous, nous avons besoin de vous.

Le président n’a pas hésité a attaquer au passage Denis Ducarme, qui avait exprimé la dernière fois qu’il quitterait le conseil si une troisième séance débutait par une prise de paroles syndicale. Le conseiller est finalement bel et bien resté, non pas sans justifier ce choix :

« Nous avons eu une discussion pour savoir s’il fallait accepter la partialité de la présidente. Elle vous permet de venir dénigrer notre président de parti, Mr Bouchez. Mais nous n’utiliserons pas les mêmes procédés que vous. »

L’homme du MR a invité les syndicats à la discussion, mais ailleurs qu’au conseil communal, rappelant que le parti y est ouvert. 

« Vous ne représentez pas les citoyens, vous représentez vos membres. Nous, nous représentons les citoyens », a quand même rappelé Mr Ducarme. 

Nicolas Tzanetatos a également pris la parole, au nom du groupe. Isabella Greco, cheffe de groupe PS, a regretté que le MR-IC prenne toujours la parole à travers la voix de plusieurs conseillers. 

« Il faut arrêter de réduire au silence les personnes qui ne sont pas d’accord avec le MR, a interpelé de son côté le PTB, via sa cheffe de groupe Pauline Boninsegna. Je remercie les délégations syndicales de rappeler aux politiques qu’il faut agir. Sur quels services le MR et Les Engagés vont aller chercher des économies ? Je pose la question. Je me range du côté des Carolos à qui vous n’aviez pas promis ça. »

Pour Les Engagés, parti représenté au gouvernement au côté du MR, l’échevin Eric Goffart a pris la parole :

« Je comprends l’inquiétude, car la situation financière n’est pas facile, quelle que soit la composition du gouvernement. On peut débattre des orientations prises. Mais, je ne pense pas qu’ici on doive débattre sur ce que décide le gouvernement régional au niveau du plan oxygène. Le débat est vraiment sur notre capacité à donner un avenir à Charleroi et à son service public. »

Le bourgmestre a conclu cette prise de parole en rappelant que les syndicats ont leur place au conseil communal. Il s’est également voulu rassurant concernant les services publics de la Ville :

« L’application de la convention Oxygène ne se fera jamais aux dépens de notre responsabilité d’employeur : il n’y aura pas de licenciements, je vous l’assure, et on ne touchera pas à la qualité des missions du service public, notamment concernant les policiers. »

Le nouveau gouvernement fédéral n’a pas fini de faire parler de lui notamment à Charleroi. 


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