Les avocats d'Aïssa Mokhtari ont plaidé mercredi, devant la cour d'assises de Mons, l'absence d'intention d'homicide. Cet Algérien est accusé du meurtre du fils cadet de sa compagne, commis le 28 septembre 2021 à Jumet. Le petit Diden était âgé de dix-huit mois.
Les avocats ont dès lors demandé, mardi, de poser la question des coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner, avec deux circonstances aggravantes.
Me Brocca a rappelé aux jurés que son client n'était pas une sinistre crapule. Il était bien accepté par les enfants de sa compagne, qu'il élevait comme ses fils, et de son entourage. L'Algérien, débarqué clandestinement à deux reprises en Belgique, est seulement connu des autorités pour avoir trempé dans un trafic de drogues, comme de nombreux autres illégaux, mais pas pour des faits de violence. Pour ses avocats, Aïssa Mokhtari n'a pas le profil d'un tueur.
Alors que l'avocat général estime que l'enfant n'a pas pris de bain, la défense répond que l'enfant a bien pris un bain et que ses cheveux, à cet âge, peuvent sécher très vite. Me Brocca ajoute que l'enfant était nu quand les secours sont arrivés.
Pour la défense, Aïssa Mokhtari n'était pas sous influence d'un cocktail détonant de drogues au moment des faits. La prise de sang a eu lieu neuf heures après les faits, et six heures après la privation de liberté.
Me Bruno a plaidé sur l'intention d'homicide. Il a présenté plusieurs éléments indiquant qu'Aïssa Mokhtari n'avait pas eu l'intention de tuer Diden, convaincu qu'il a perdu le contrôle.
Parmi ces éléments, il a cité le profil pacifique de l'accusé, l'amour partagé entre ce dernier et la victime, l'absence de nettoyage de la scène de crime ou encore l'absence d'acharnement puisqu'un seul coup violent a été porté à l'enfant. Il a aussi pointé l'appel lancé à la maman dans le but qu'elle vienne secourir l'enfant, aucune entrave à l'intervention des services de secours, l'application au moins partielle du suivi des consignes du 112 malgré l'état de stress intense, les manoeuvres de réanimation entreprises par l'accusé, l'accueil des secouristes, l'inquiétude exprimée relative au sort sanitaire de la victime et l'absence de fuite.
Pour les avocats d'Aïssa Mokhtari, ce n'est pas là le comportement d'un criminel ayant agi avec sauvagerie, mais plutôt d'un homme qui voulait sauver l'enfant, comme l'a déclaré l'accusé lundi, lors de l'instruction d'audience.
Après quelques répliques, le jury partira débattre de la culpabilité, à huis clos, en présence de la cour.
Un verdict est attendu dans la journée.