Le 27 mai dernier, Jacqueline Galant, ministre des Médias, a présenté aux télévisions locales son projet de réforme. Ou plutôt, une note de travail destinée à être cassée. Alors que contient réellement ce projet de réforme ? Décryptage.
Où en est-on aujourd’hui ?
Actuellement, 12 médias de proximité sont répartis en Wallonie et à Bruxelles. Leur budget se compose notamment de :
- Subventions annuelles de la Fédération Wallonie-Bruxelles (environ 11 millions d’euros au total)
- Aides à l’emploi (APE) : environ 8 millions d’euros
- Contribution des câblodistributeurs : à titre d’exemple, Télésambre perçoit environ 500 000 € par an
- Soutiens locaux : certaines communes ou provinces participent, à hauteur de 0,50 € par habitant pour Télésambre, jusqu’à 3,70 € pour Notélé
- Quelques revenus publicitaires ou projets ponctuels
Tout cela représente 0,07 % du budget de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Une goutte d’eau dans l’océan budgétaire, mais un pilier pour l’information locale.
Ce que prévoit la réforme
Premier axe fort du projet : réduire le nombre de télévisions locales. D’ici 2031, il n’en resterait plus que 8, soit une par province à l’exception de Liège et du Hainaut, qui conserveraient deux entités chacun. Dans le Hainaut, cela signifierait une fusion de 4 médias (Notélé, Antenne Centre, Télé MB et Télésambre) en 2 structures.
Deuxième volet : une refonte du financement. La ministre propose :
- La fin de l’indexation automatique des subsides dès 2026
- Une réduction progressive des aides à l’emploi : -10 % par an à partir de 2027
Or, ces emplois subsidiés (APE et les autres) représentent entre 58 % et 90 % des effectifs selon les chaînes. La mesure inquiète donc.
La réforme encourage aussi à :
- Mutualiser les moyens techniques et humains
- Simplifier la gestion administrative
- Rechercher de nouvelles sources privées de financement
Ce qui inquiète
Les réactions ne se sont pas fait attendre. Plusieurs craintes émergent :
- Risque de fermeture avant 2031 : sans moyens suffisants, certaines chaînes pourraient disparaître prématurément
- Atteinte à l’identité locale : en fusionnant, les médias pourraient perdre leur ancrage territorial, pourtant au cœur de leur mission
- Financement privé difficile à concilier avec le statut d’ASBL à mission de service public, tel que défini par le décret actuel
La réforme suscite même des tensions au sein de la majorité : quelques membres des Engagés, partenaires du MR, ont publiquement exprimé leurs réserves.
En résumé
Aujourd’hui, 12 télévisions locales informent quotidiennement les citoyens grâce à un modèle public. Demain, la ministre souhaite passer à 8 médias, réduire les aides, et encourager leur autonomie financière. Sans mesures d’accompagnement, cette réforme pourrait provoquer non seulement la disparition d’emplois, mais aussi d’une certaine idée de l’information locale.
Sur le même sujet
Recommandations
Les moments forts du débat sur la réforme des médias de proximité
Charleroi défend sa télévision locale : le Conseil communal adopte une motion face à la réforme des médias de proximité
Report de la motion de soutien à Télésambre : « Battons-nous pour notre bassin de vie »
Fact-checking : les fausses affirmations avancées par la majorité MR-Engagés pour définancer les médias de proximité
Réformes des médias de proximité : La majorité MR-Engagés repousse plusieurs motions de l'opposition
Réforme des médias de proximité : Une note d'orientation sera déposée vendredi