
Pendant trois jours, la cour d’assises s’est attardée sur le parcours de Michael Letellier, 36 ans, jugé pour coups et blessure sur son fils Eden, alors âgé de seulement quinze jours. Finalement, le jury a retenu la torture avec circonstances aggravantes.
En plus des coups et blessures, le jury a requalifié les faits de torture avec circonstances aggravantes. Aucune circonstance atténuante n'a été retenue par le jury dans le choix de la durée de la peine, ses excès de colère et son très lourd antécédent judiciaire auront eu raison de sa peine: 30 ans.
Rappel des faits et antécédent
Dès l’ouverture des débats, la personnalité de l’accusé s’est dévoilée. En 2013, il avait déjà été condamné pour des violences graves sur un autre de ses enfants, Brandon. À la barre, son frère Noan avait dressé le portrait d’un homme caractériel, incapable d’encaisser la frustration. « On ne pouvait pas lui dire non », avait-il confié. Dans la petite maison insalubre de Courcelles, où s’entassaient le couple et leurs enfants, tout était source de tension : l’argent, l’organisation du foyer, le ménage, le chien et…Eden.
Puis était venu le récit glaçant du 6 avril 2023. Fanny L., la mère d’Eden, avait raconté comment elle avait découvert son fils, inerte, le corps marqué par des hématomes. « Il respirait de manière anormale, il était immobile », s’était-elle souvenue. Affolée, elle avait voulu appeler les secours, mais Michael Letellier s’y était opposé. Il minimisait, parlait d’une simple chute. Finalement, c’était son filleul, Maxime, qui avait fini par alerter le 112. Lorsque les ambulanciers étaient arrivés, l’enfant était en hypothermie, amorphe. « Quand on a appris que c'était un nouveau-né et qu’il était tombé il y a deux heures, on a immédiatement compris que quelque chose clochait », avait témoigné l’un d’eux. Direction l’hôpital de Jolimont, où les médecins avaient constaté des lésions multiples et un état critique.
Des témoins qui dressent le portrait de Michael Letellier
Le deuxième jour du procès s’était attardé sur la relation du couple. Les témoins avaient défilé à la barre, décrivant une cohabitation chaotique. L’ex-belle-sœur de l’accusé, la famille de Michael, les voisins… Tous avaient évoqué les disputes, les cris, les portes qui claquent, la saleté omniprésente dans la maison. Une vie où la négligence l’emportait sur le soin.
À sa sortie de prison (7 mois après sa condamnation à 12 ans de prison, ndlr), Michael portait un bracelet électronique et avait été autorisé à vivre avec Fanny. Cette dernière avait juré ne pas avoir été informée du passé judiciaire de son compagnon.
Une question avait plané: la récidive aurait-elle pu être évitée ?
Dans l’après-midi, l’ex-compagne de Letellier, Fanny F., était venue témoigner. Elle avait partagé sa vie durant sept ans et lui avait donné trois enfants. Si elle reconnaissait son impulsivité, elle avait décrit un père « attentionné », mais dépassé par les accès de colère de leur fils Brandon. Colère qui, en 2013, s’était soldée par des violences ayant laissé l’enfant avec des séquelles à vie.
Ce mercredi, le procès entrait dans sa phase décisive. L’accusation avait plaidé la torture avec circonstance aggravante, insistant sur les sévices infligés au nourrisson et l’appel aux secours tardif. La défense, de son côté, avait tenté d’humaniser Letellier, de mettre en avant ses failles, ses blessures d’enfance. Puis était venu le verdict: Michael Letellier est reconnu coupable de coups et blessures et de torture avec circonstances aggravantes. Il devra purger une peine de 30 ans avec une mise à disposition du tribunal d’application des peines pour une période 5 ans. Eden, lui, vit désormais dans un centre spécialisé, marqué à jamais par les coups.
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