Dans le cadre du renouvellement de ses locomotives, la SNCB a tranché et n’attribue pas le contrat à Alstom. Le groupe, présent à Charleroi, avec ces 2 centres d’excellences, proposait pourtant des locomotives 100% belges.
Comme prévu, le conseil d’administration de la SNCB se réunissait aujourd’hui pour l’attribution du contrat pour le renouvellement d'une partie de la flotte de la SNCB. Le groupe français Alstom, candidat malheureux, est déçu que l'entreprise ferroviaire ait confirmé mercredi choisir son concurrent espagnol CAF.
« Nous sommes déçus par cette décision et allons maintenant prendre le temps d'évaluer les conséquences pour Alstom et les options qui sont les nôtres », a indiqué l'entreprise dans une première réaction. Alstom est très présent en Belgique. Le groupe français a déjà décroché de nombreux contrats auprès de la SNCB, notamment pour les trains à double étage M7. Il dispose de deux centres d'excellence à Charleroi et d'un site de fabrication à Bruges, anciennement Bombardier. Au total, Alstom emploie quelque 1.900 personnes en Belgique.
Un choix étonnant ?
Le choix de CAF pourrait avoir des répercussions négatives sur le site brugeois d'Alstom, qui occupe plusieurs centaines de travailleurs. Pour rappel, fin février, la SNCB avait déjà opté pour l'offre soumise par CAF mais la décision avait été suspendue par le Conseil d'État, qui avait estimé qu'elle n'avait pas été prise de manière suffisamment transparente. Quelques mois plus tard, davantage de transparence, mais la même finalité : le conseil d'administration a décidé de confirmer CAF comme soumissionnaire préférentiel pour la livraison de nouvelles automotrices et ce, sur base d'une motivation qui tient compte de l'arrêt du Conseil d'État. Le conseil d'administration de l'entreprise ferroviaire a constaté que les offres déposées par les trois soumissionnaires « mentionnent chacune le recours à des prestataires locaux ». La SNCB invite dès lors le soumissionnaire préférentiel à concrétiser cette piste.
Dans son communiqué, la SNCB rappelle le contexte du contrat de service public 2023-2032 conclu avec l'État belge en décembre 2022. Celui-ci prévoit que 50% de la flotte de la SNCB sera renouvelée d'ici la fin de cette période. Il s'agit de répondre à la croissance attendue du nombre de voyageurs, d'améliorer le confort pour les clients et de remplacer du matériel vieillissant, sensible aux pannes, par du matériel roulant plus flexible et à moindre consommation énergétique. « La livraison dans les temps de nouvelles automotrices est, dans ce contexte, d'une très grande importance », souligne mercredi l'entreprise ferroviaire.
Réactions politiques
Il s'agit d'un contrat-cadre qui portera dans un premier temps sur des trains offrant une capacité de 54.000 places assises. Ce programme vise le renouvellement d'un maximum de 600 rames d'ici 2034, pour un montant estimé entre 1,7 et 3,4 milliards d'euros. Il a été qualifié par certains de contrat du siècle, notamment le bourgmestre de Charleroi Thomas Dermine. Au niveau politique, les réactions fusent. « Il ne faudra pas se plaindre après si nous perdons nos derniers sites industriels », a tonné sur X le président du MR, Georges-Louis Bouchez pour qui « cela pose aussi clairement la question de la gouvernance de la SNCB. » De son côté, le ministre fédéral de la Mobilité a dit « prendre acte » de la désignation de CAF et a rappelé que l'État respecte scrupuleusement le droit européen des marchés publics. Jean-Luc Crucke dit également attendre que ce contrat « bénéficie à l'économie belge, en termes d'emplois, de sous-traitance et d'innovation industrielle. »
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