Depuis 2019, les quatorze victimes non identifiées de la catastrophe du Cazier sont l’objet d’analyses par des experts pour savoir qui elles sont. Trois avaient déjà été identifiées. Une quatrième l’est officiellement depuis ce lundi 28 juillet.
14 victimes sur 262 n’avaient pas été identifiées
La Commission d’authentification des victimes non identifiées de la catastrophe du Cazier s’est réunie ce matin et elle a authentifié une quatrième victime jusqu’ici inconnue. Cette commission regroupe le collectif des familles des victimes, le Bois du Cazier, le DVI (le service d’identification des victimes de la police fédérale) et différents experts. Les 14 corps ont été exhumés en 2019 et analysés par les experts. Trois victimes sont déjà identifiées, quatre corps ne font pas partie des noms de victimes non identifiées (en clair, des familles ont repris par erreur des corps qui n’étaient pas ceux de membres de leur famille), cinq sont « non concluants », c’est çà dire que l’ADN n’est pas assez précis pour qu’on soit sûr, et trois victimes n’avaient pas de descendants connus, donc il n’était pas possible de procéder à des comparaisons ADN.
Un quatrième corps identifié
C’est parmi les corps non identifiés dont on n’avait pas connaissance de la famille qu’une quatrième victime a pu être identifiée. Il s’agit de Reinholdt Heler, un ancien prisonnier de guerre allemand qui à sa libération le 23 juin 1947 à l’âge de 23 ans a décidé de rester en Belgique. Il s’est engagé au charbonnage du Bois du Cazier en juin 1947. L’équipe actuelle du Bois du Cazier a retrouvé la trace d’une de ses demi-sœurs et de ses enfants.
« Quinze jours plus tard, ils nous ont envoyé un échantillon de leur ADN via une brosse à dents, explique Colette Ista, la directrice du Bois du Cazier. Et début juillet, nous avons eu l’heureuse surprise de savoir que Reinholdt Heller était identifié. »
Et c’est cette brosse à dents qui a permis à l’INCC, l’Institut national de Criminalistique et de Criminologie, d’analyser l’ADN, près de 70 ans après la catastrophe.
« Heureusement, les corps étaient bien conservés dans les cercueils, ce qui nous a permis d’obtenir de bons résultats sur les ossements et les dents, ajoute Stijn DESMYTER, expert judiciaire INCC. Mais il faut avoir une complémentarité entre les différentes disciplines. L’ADN seul, souvent, ne suffit pas. »
« Et tous ces experts ont travaillé gratuitement pour faire les analyses et les constatations sur les victimes, précise aussi Patricia VANDERLINDEN du DVI. Ce sont des analyses très pointues et complémentaires. Il y a différents experts. Il y a des pathologistes qui vont intervenir sur les circonstances de décès, des anthropologues qui vont analyser les ossements, l’INCC qui va travailler sur l’ADN, l’UZ Leuven qui va travailler sur les isotopes et les dentistes et ondontologues qui vont travailler sur les dents. »
Six ans de travail
Tout avait commencé avec la requête d’un orphelin de victime de la catastrophe en 2019. Deux ans plus tard, les inhumations commençaient au cimetière de Marcinelle. Les exhumations des corps de la pelouse d’honneur commencent deux ans plus tard. En 2023, il y a deux identifications formelles, et l’année suivante, une troisième. En 2024, les dépouilles sont réinhumées à la parcelle d’honneur du cimetière de Marcinelle. Et désormais, une quatrième victime est identifiée.
Le travail n’est pas terminé
Cette nouvelle reconnaissance ne signe pas la fin du travail de l’équipe, même s’il sera désormais plus difficile. Il reste des cas non concluants dont l’ADN n’est pas assez précis. Mais l’équipe ne baisse pas les bras. Pour les familles.
« Il y a des familles qui ont porté ce poids pendant des années, conclut Colette Ista, la directrice du Bois du Cazier. Donc retrouver ces personnes, les identifier et remettre un nom, sur une stèle, c’est vraiment essentiel. Le Bois du Cazier est un lieu de mémoire et un site de conscience. Nous ne l’oublions pas au quotidien. C’est notre travail. »
Et cette identification intervient moins de deux semaines de la catastrophe. Les commémorations auront lieu le 8 août 69 ans jour pour jour après la catastrophe.
Tout le programme des commémorations sur https://www.leboisducazier.be/event/8aout2025/?event_date=2025-07-29
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