Deux auteurs franco-belges se sont penchés sur la fonction royale en Belgique dans une bande dessinée au titre presque protocolaire : "Les rois des Belges".
En un peu moins de 80 pages, Jean-Philippe Thivet et Arnaud de la Croix y esquissent le rôle d'un Roi et toutes ses particularités propres à la Belgique en évoquant la personnalité des sept souverains qui se sont succédé jusqu'ici sur le trône du Plat Pays. L'album, édité au Lombard, sort ce vendredi 5 septembre.
Assistés au dessin de l'Espagnol Vicente Cifuentes Martinez, les deux scénaristes jonglent avec la fonction sous l'angle constitutionnel, et le caractère des Léopold, Albert, Baudouin et Philippe. Un mini-récit d'une petite dizaine de pages revient sur les faits marquants du règne de chacun avant qu'une double page, sans case ni phylactère, ne reprenne les gros dossiers qui ont marqué le mandat, ainsi que les résidences royales et une personnalité, souvent politique.
"Ces dossiers sont des éléments essentiels", explique Gauthier Van Meerbeeck, directeur éditorial du Lombard. "Les histoires seraient incomplètes sans ce bonus. Le tout apparaît comme un ensemble équilibré qui, à défaut d'être complet, ne néglige rien d'essentiel. On se confronte aux moments difficiles, mais avec un certain respect."
Pour les premiers Rois, le côté romanesque a été assez aisé à développer alors que pour le souverain actuel et son père, Albert II, les atermoiements dans la composition d'un gouvernement tiennent le devant de la scène. Les récits de ces deux derniers sont d'ailleurs deux fois moins épais que ceux de leurs aïeuls.
Ramasser une vie royale en quelques pages requiert des choix. Et c'est ici que l'album sort un peu du cérémonial de cour, brisant la traditionnelle ligne chronologique, généralement suivie pour aborder les sujets royaux. La dimension apportée aux deux Albert sort des sentiers battus. Et pour le premier, on prend même de l'altitude puisque la narration débute par la une du "Soir" relayant la mort assez spectaculaire du Roi, en pleine ascension à Marche-les-Dames, en province de Namur. Délaissant l'étiquette de chevalier adossée à Albert Ier pour son rôle dans le premier conflit mondial, les auteurs s'attardent plutôt sur sa passion pour la montagne, rappelant quelques-uns de ses faits d'armes dans les hauteurs.
L'amorce est également médiatique lorsqu'il s'agit d'évoquer son petit-fils. Le chapitre qui lui est consacré s'ouvre sur l'émission fictive de la RTBF "Bye bye Belgium", diffusée en décembre 2006. Et la fin de l'album de prendre un ressort un peu plus institutionnel, s'interrogeant entre autres sur l'avenir de la Belgique et évoquant les chassés-croisés des responsables politiques au Palais royal, dans les multiples tentatives de constituer un gouvernement.
"Nous avons souhaité montrer les ambiguïtés, les zones d'ombre, et celles de lumière aussi", résume Arnaud de la Croix. Il convenait, selon lui, d'éviter deux écueils : véhiculer l'imagerie populaire bien lisse et tomber dans le déboulonnage de statues. Le rédacteur en chef enchaîne. "Nous voulions éviter la démarche hagiographique qui a longtemps été privilégiée en Belgique pour évoquer un tel sujet. Dans le même temps, il ne fallait pas tomber dans une forme d'irrévérence choisie, avec un ton décalé en se disant moderne. Cet angle-là ne nous intéressait pas. Nous avons visé la véracité historique, sans angle ricanant."
Attendue pour succéder à son père dans les prochaines années, la princesse Elisabeth constitue l'épilogue de la bande dessinée, par ailleurs enrichie d'une bibliographie détaillée.
L'album s'adresse à tous les Belges intéressés par l'histoire de leur pays, avec une approche un peu adulte de par la documentation. Mais la maison d'édition bruxelloise voit dans cette dernière sortie un outil permettant aux enseignants de "faire entrer leurs élèves dans une histoire captivante : celle de la Belgique". Gauthier Van Meerbeeck espère que cette forme de résumé de l'histoire du pays puisse devenir à terme une bande dessinée de référence.
La version néerlandophone sort le 2 octobre.
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