Face à la non-indexation des subsides de l’ONE annoncée pour 2026, le service d’accueillantes Les Petits Câlins tire la sonnette d’alarme : 70 emplois et 300 places d’accueil sont en danger dans la région de Charleroi.
Le secteur de l’accueil de l’enfance est à nouveau sous pression. Alors que la pénurie de places en crèches inquiète déjà de nombreux parents, une nouvelle mesure annoncée par la Fédération Wallonie-Bruxelles risque d’alourdir encore la situation. L’ONE ne procédera pas à l’indexation des subsides dès 2026, une économie de 8 millions d’euros qui pourrait fragiliser de nombreux services. À Charleroi, les accueillantes d’enfants de l’ASBL Les Petits Câlins ont exprimé ce matin leurs craintes.
Sur le piquet, les pancartes côtoient les regards inquiets. Ces professionnelles accueillent les tout-petits à leur domicile, dans un cadre familial où stabilité, proximité et confiance sont essentielles. Mais sans indexation, c’est tout le modèle qui vacille. « Les parents ont besoin de nous et les enfants ont besoin de stabilité », rappelle Fatima, accueillante à domicile. « Et nous, on a besoin de moyens pour travailler. »
70 emplois menacés, 300 places en danger
La directrice du service, Muriel Lerat, se dit très préoccupée. « C’est un combat énorme pour sauver 70 emplois et 300 places d’accueil sur Charleroi, Châtelet, Farciennes, Courcelles et Gerpinnes. Si les subsides ne sont plus indexés, cela va nous coûter 70 000 € (1000€ par emploi) que nous n’avons pas. » Un déficit impossible à absorber pour cette structure non marchande, alors même que la création de places en crèches figurait parmi les priorités affichées du gouvernement.
À cette fragilité financière s’ajoute l’impact direct sur les familles. « J’ai des parents qui pleurent tous les jours parce qu’ils ne savent pas comment retourner au travail après l’accouchement », témoigne Christina, accueillante. Elle redoute un effet domino : la fermeture de services, la perte d’emplois supplémentaires et encore plus de parents bloqués dans leur organisation professionnelle.
Muriel Lerat pointe également la spécificité du public accueilli : « Nous travaillons avec des parents qui paient en fonction de leurs revenus, parfois très précarisés. Certains bénéficient même de la gratuité. » À ses yeux, la disparition d’un tel service serait un véritable coup dur social.
Un maillon essentiel pour les parents
Au-delà de la simple garde d’enfants, Les Petits Câlins remplissent une mission plus large : travail social, coéducation, prévention de la maltraitance, accompagnement des familles vulnérables. Un rôle que rappelle Aurore Castellin, assistante sociale : « Si ça continue, on devra fermer et les parents n’auront plus le choix de leur accueil. Ils devront se tourner vers de grandes structures, alors que l’accueil familial est tellement important. » Pour les accueillantes, l’inquiétude est palpable. « Ma crainte, c’est de perdre mon emploi. C’est mon salaire, ma stabilité », confie encore Fatima. Et elle n’est pas la seule.
Malgré quelques fonds propres, la survie de l’ASBL reste limitée dans le temps. « On pourrait tenir 2 ans et demi, 3 ans tout au plus », explique Muriel Lerat. « Mais je vais déjà devoir donner des préavis conservatoires aux personnes les plus anciennes de mon équipe. » Selon la Coordination des services d’accueil d’enfants de la Fédération Wallonie-Bruxelles (article de la RTBF), la non-indexation fragilisera l’ensemble des services dès janvier. Dans le Hainaut, 28 services seraient touchés, représentant plus de 3 300 places d’accueil. L'avenir de ces structures, déjà essentielles, semble donc plus incertain que jamais.
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