Malgré un contexte financier tendu, Charleroi adopte un budget 2026 à l’équilibre. Mais la fin annoncée du Plan Oxygène et les critiques de l’opposition font planer de lourdes incertitudes sur l’avenir financier de la Ville.
Charleroi a adopté un budget 2026 à l’équilibre, malgré un contexte financier contraint. Trouver des solutions pour couvrir les 48 millions d’euros du Plan Oxygène a toutefois nécessité des choix difficiles. Pour le bourgmestre Thomas Dermine, les « 4 P », à savoir les pensions, la auvreté (via le CPAS), la police et les pompiers, limitent fortement la marge de manœuvre de la Ville.
« 2026 est une année charnière, car c’est la dernière année de la fameuse convention Oxygène, c’est-à-dire un prêt de la Région wallonne accordé aux grandes villes, rappelle le bourgmestre carolo. Pour 2027, nous n’avons aucune visibilité sur le dispositif ; il y a donc une inconnue. Nous avons fait le pari de prendre notre part de l’effort et de nous inscrire dans une trajectoire d’amélioration des finances publiques. Mais j’ai toujours été très clair : le fédéral et la Région devront eux aussi faire leur part. »
Cette amélioration des finances publiques passe notamment par une réduction drastique des investissements, une augmentation des recettes et l’instauration d’une taxe à l’aéroport de Charleroi par passager au départ. Du côté de l’opposition libérale, on pointe toutefois les causes structurelles de la situation actuelle. « Le Fonds des communes représente près de 200 millions d’euros, soit environ 35 % du budget de Charleroi, provenant de la Région wallonne. Le bourgmestre estime que ce n’est pas suffisant, mais pendant vingt ans, le ministre des Pouvoirs locaux était socialiste », rappelle le conseiller communal Nicolas Tzanetatos.
Le PTB, par la voix de sa cheffe de file Pauline Boninsegna, dénonce quant à lui une politique d’austérité qui ferait peser l’effort sur les citoyens. « L’Union des villes et communes l’a clairement dit : on ne peut pas demander davantage aux villes. Concrètement, on coupe dans les écoles, les routes, la culture et les infrastructures sportives. On a beaucoup parlé de la taxe aéroport, mais beaucoup moins des 55 taxes votées le mois dernier. Ce sont ces taxes-là qui étranglent le budget des Carolos. »
Même son de cloche du côté du conseiller communal Jean-Noël Gillard, qui estime que les citoyens paient aujourd’hui les erreurs du passé. « C’est un mirage : on présente un budget à l’équilibre alors qu’il ne l’est pas réellement. Si un équilibre est affiché, c’est parce qu’on y impute la tranche du Plan Oxygène. C’est un budget particulièrement inquiétant, marqué par de nouvelles taxes. Bref, un budget Thomas Dermine. »
En résumé, Charleroi avance sur une ligne de crête pour l’année à venir. L’aide du Plan Oxygène n’est pas garantie au-delà de 2026, et la question d’un refinancement structurel des grandes villes se pose avec insistance. Sans cela, la Ville pourrait se retrouver confrontée à une situation financière particulièrement délicate dès 2027.
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