La thématique générale de ce conseil communal était la sécurité. État des lieux, chiffres et débat ⤵️
Thomas Dermine (PS), bourgmestre de Charleroi, avait annoncé un conseil communal thématique consacré à la sécurité. La séance a débuté par un état des lieux présenté par le chef de corps de la zone de police de Charleroi.
Les citoyens demandent plus de policiers dans les rues
Le chef de corps Laurent Van Doren a présenté les chiffres du Moniteur de Sécurité 2024 sur les grandes villes et Charleroi. Selon ce sondage, les citoyens attendent surtout de la police qu’elle agisse contre le trafic de drogues, les cambriolages dans les habitations, ainsi que pour les contrôles d’alcool et de drogue au volant.
Mais que pensent-ils des actions menées par la police de Charleroi ? Seuls 20 % des répondants se disent satisfaits de la présence policière en rue. Ces chiffres sont similaires dans d’autres grandes villes. Par contre, le sentiment d’insécurité est plus élevé à Charleroi qu’ailleurs :
- 34 % ressentent parfois un sentiment d’insécurité (29,9 % dans les grandes villes)
- 18,5 % souvent (vs 12,4 %)
- 8,2 % toujours (vs 4 %)
Selon les citoyens, la sécurité dépend de :
- la lutte contre les incivilités et la qualité de l’environnement urbain
- la criminalité et les cambriolages
- la criminalité organisée
- la lutte contre le stationnement gênant et la vitesse excessive
- la visibilité et l’accessibilité de la police
- l’aspect du quartier et le vivre-ensemble
Les chiffres montrent aussi que la police de proximité reste un point faible : seuls 17 % des répondants estiment que leur agent de quartier est facile à contacter.
Moins de policiers, plus de vols avec violence
Laurent Van Doren a ensuite livré d’autres données spécifiques à Charleroi. On observe une baisse des effectifs opérationnels depuis 2023, année d’entrée en vigueur de la nouvelle procédure de recrutement. En nombre absolu, c’est à Charleroi qu’on relève le plus de faits recensés, devant Gosselies, Marcinelle et Jumet. Bonne nouvelle : les cambriolages diminuent (2396 en 2018 contre 1251 en 2024). En revanche, les vols avec violence et les vols à main armée sont en hausse. Les accidents de la route diminuent, tandis que les contrôles d’alcoolémie et de vitesse ont augmenté.
Vincent Fiasse, procureur du roi à Charleroi, a complété ces informations. Charleroi représente la moitié de la zone couverte par le parquet.
Quelques chiffres :
- 38 magistrats opérationnels, effectifs en hausse ces derniers mois
- 48 000 nouveaux dossiers au correctionnel en 2024
- Un taux de réponse pénale de 58 % en 2024 (contre 25 % en 2018)
- Déjà plus de 126 faits avec armes en 2025 (150 en 2024)
« On gère », selon le bourgmestre
Thomas Dermine (PS) a rappelé que la sécurité est une priorité pour les Carolos. L’objectif de ce conseil : dresser un état des lieux et montrer que la Ville agit à tous les niveaux.
Le bourgmestre a détaillé les 5 piliers de la sécurité locale dans le cadre du Programme Stratégique Transversal :
- Disruption : présence renforcée dans l’espace public (version 3.0 à venir : reporting quotidien, intégration des gardiens de la paix, adaptation au terrain, point de contact citoyen).
- Réorganisation des agents de quartier: recentrer les priorités, identifier rue par rue via le web, simplifier l’administratif.
- Technologie : modernisation du réseau de caméras, plus d’agents dédiés à leur vérification dès janvier, et lancement d’un policier virtuel (chatbot).
- Approche administrative globale : fermetures administratives plus systématiques pour certains établissements problématiques (ex. night shops).
- Prévention : présence accrue de gardiens de la paix et agents constatateurs, poursuite de la médiation de quartier, plan drogue du CPAS.
« Nous avons besoin du fédéral »
Comme l’a rappelé le bourgmestre, une coordination avec le niveau fédéral est indispensable : « L’essentiel des leviers se trouvent au fédéral, notamment pour la drogue. Nous échangeons avec M. Ducarme et le ministre de la Sécurité, Mr. Quintin. » Bernard Quintin a présenté il y a deux semaines son Plan Grandes Villes, incluant la lutte contre le trafic de drogue, l’amélioration du maillage de caméras et la présence de militaires en rue.
« Charleroi connaît des défis en matière de sécurité, comme l’indiquent les chiffres, mais ce phénomène est maîtrisé, des équipes y travaillent, la problématique est sous contrôle », a insisté Thomas Dermine.
Le MR-IC pointe du doigt la police de proximité
Jean-Noël Gillard (MR-IC) a salué le travail des agents sur le terrain, et a rappelé que « ce conseil dédié à la sécurité se tient grâce à la demande historique du MR-IC de pouvoir échanger régulièrement sur la sécurité des carolos ». Le conseiller a ensuite regretté que « la problématique ne soit pas sous contrôle », contrairement aux propos du bourgmestre. Il a également regretté que les chancres immobiliers soient encore nombreux, que l’éclairage public se fasse encore attendre, que les incendies soient encore nombreux et que tout cela participe au sentiment d’insécurité.
Selon lui, « il faut des actes concrets et permanents » pour réduire la criminalité et le sentiment d’insécurité. Denis Ducarme a abondé dans ce sens, tout en soutenant la majorité au fédéral. « Il n’y a pas de jeux politiques à faire en matière de sécurité. Le MR est aux côtés de la majorité compte tenu de son positionnement au fédéral. Vous comptez sur ce Plan Grande Ville, et nous nous assurons que ce plan prenne bien en compte Charleroi ». Pour le conseiller, il faut aussi se poser des questions sur l’attractivité de la zone de police de Charleroi. Il a suggéré un sondage interne pour évaluer le bien-être au travail.
« Des citoyens délaissés » selon le PTB
Pauline Boninsegna (PTB) a rappelé que « la sécurité, ce n’est pas seulement ne pas se faire agresser ». Elle a évoqué squats, déchets, rues mal éclairées et trottoirs inaccessibles comme facteurs du sentiment d’insécurité. Le PTB plaide, comme le MR-IC, pour renforcer la police de proximité et recruter davantage au parquet. Pauline Boninsegna a insisté sur la nécessité de réinvestir dans le parquet : « Il faut du personnel qui ait le temps de se pencher sur les gros dossiers. Après tout, Al Capone n’a pas été arrêté directement pour ses trafics, mais bien grâce à des enquêteurs qui ont analysé ses déclarations d’impôts. »
Du côté de la majorité, Manon Choël (Les Engagés) et Isabella Greco (PS) ont également insisté sur le rôle clé du fédéral et la nécessité de renforcer la police de proximité.
Les réponses du chef de corps
Laurent Van Doren a conclu en rappelant que le déficit policier à Charleroi reflète celui du fédéral : « Contrairement à ce qu’on dit, nous sommes attractifs, nous recevons de nombreux candidats. Mais pour des profils spécifiques (ingénieurs, etc.), nous ne sommes pas concurrentiels. »
Il a écarté l’idée de multiplier les antennes de quartier (« une par district ») et rappelé que les militaires en renfort pallient uniquement le déficit fédéral, pas local. « Ces policiers fédéraux, dont une réserve est basée à Charleroi, sont systématiquement envoyés à Bruxelles, nous privant d’appui », a-t-il souligné.
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