À Charleroi, le conseil communal a été animé : désaccords autour de l’assemblée citoyenne, fermeture de la Maison Claudine Mahy, avenir du plan Grand Froid et polémique sur une intervention de Charleroi-Palestine.
La thématique générale de ce conseil communal était la sécurité. Les autres point ont ensuite été abordés.
L’Assemblée citoyenne
Nous vous l’annoncions la semaine dernière : la Ville de Charleroi a lancé une assemblée citoyenne inédite pour définir, avec ses habitants et usagers, les projets qui renforceront l’attractivité et le cadre de vie du centre-ville. Près de 10.000 Carolos tirés au sort recevront dans les prochains jours un courrier les invitant à poser leur candidature. Au total, 51 personnes seront retenues, en plus de 24 autres issues de Charleroi Métropole, afin de constituer une assemblée citoyenne chargée de rendre le centre-ville plus attractif et plus agréable.
Une initiative que ne comprend pas Nicolas Tzanetatos, conseiller MR-IC : « La plus grande assemblée citoyenne participative, au niveau communal, c’est notre conseil communal. Pourquoi créer un brol de plus à ce qui existe déjà ? Ça cache un sentiment d’incapacité à prendre des mesures concrètes de la part de ce conseil et de la majorité. » Selon lui, c’est dénigrant envers les conseillers et conseillères, tous partis confondus : « Nous sommes aussi des citoyens, qui avons investi du temps et de l’énergie. Au sein de ce conseil, il y a des indépendants, des ouvriers, des commerçants du centre-ville, des personnes de diverses nationalités... Nous dire qu’il faut 51 personnes de plus pour trouver des idées que nous n’avons pas, c’est dommage. »
Le conseiller a également demandé des précisions sur le tirage au sort et les intentions de la Ville.
Réponse du collège
« Sur le principe, l’objectif n’est pas de remettre en question l’investissement de chacun ni le rôle des conseillers et élus. Il n’y a pas d’opposition entre démocratie représentative et cette tentative de démocratie délibérative », a indiqué le bourgmestre Thomas Dermine (PS). Selon lui, un fossé s’est créé entre les représentants et les citoyens. « Toutes les modifications passeront par le conseil communal, seul pouvoir souverain. Il s’agit ici de récolter des idées. »
Babette Jandrain (PS), échevine de la Participation, a ajouté : « J’espère que ce ‘brol’, comme vous dites, se déroulera avec plus de respect que certains soirs ici. » Elle a rappelé que le processus est complémentaire au conseil communal et répond à une promesse de cette mandature : recréer du lien entre citoyens et pouvoirs publics. « Remettre de la chair sur le squelette rénové de la ville. »
Concernant les modalités, la Ville sera épaulée par différents acteurs (SPW Intérieur et Action sociale, MPA, experts…). 10 000 courriers ont été envoyés sur base du registre de la population, en veillant à assurer la représentativité. Un deuxième tirage au sort suivra. D’autres usagers fréquents de Charleroi (travailleurs, étudiants, commerçants…) seront aussi entendus.
Le calendrier :
- Fin 2025 : 4 journées de travail clôturées
- Mars 2026 : rapport produit et analysé par l’administration (faisabilité technique et économique)
- Juin 2026 : présentation au collège, puis au conseil, avant mise en place d’un groupe de travail.
« La première entorse au conseil communal, c’est d’avoir mis en place cette assemblée sans l’avoir soumise au vote du conseil », regrette Nicolas Tzanetatos, qui persiste : « C’est une entorse à la démocratie élective. »
En termes de coûts, une garderie sera prévue pour les enfants des participants. Ces derniers recevront également 100 € pour les quatre journées, en guise de défraiement.
Quel avenir pour les femmes de la Maison Claudine Mahy ? Et pour les SDF en hiver ?
Face au manque de moyens, la Maison Claudine Mahy, centre d’accueil réservé aux femmes sans abri, arrête ses activités. Philippe Van Cauwenberghe (PS), président du CPAS, a rappelé que la Ville, tout comme le CPAS, est sous plan de gestion et doit « faire des économies chaque mois ».
Sofie Merckx (PTB) a dénoncé une situation dramatique : « Tous les jours, de mauvaises nouvelles tombent, que ce soit d’un gouvernement ou de l’autre. » Elle a dénoncé la suppression des aides du plan Grand Froid, regrettant qu’« une coupe de 65.000 € par grande ville » ne représente que « des pacotilles à l’échelle du budget du gouvernement ».
En un an et demi, la Maison Claudine Mahy a accueilli 113 femmes et relogé 41 d’entre elles. « Comment, après avoir investi 600.000 € pour l’ouvrir, peut-on en arriver à la fermer ? », s’interroge-t-elle.
Philippe Van Cauwenberghe a regretté la décision, liée selon lui au non-renouvellement du subside régional : « Ce n’est pas une décision du CPAS. » Mais il a annoncé une alternative : en octobre, un abri de nuit de 12 places pour femmes ouvrira dans la structure. « Concernant le plan Grand Froid, ça a créé tellement d’émoi que nous avons appris tout à l’heure que le gouvernement wallon va mettre la main au portefeuille pour combler la différence. »
Le bâtiment de la Maison Claudine Mahy sera utilisé comme abri supplétif en période hivernale. Pour conclure, Thomas Dermine a souligné que, sans la vigilance de politiques ayant relayé l’information sur le plan Grand Froid, les choses n’auraient peut-être pas bougé : « Il y a une vraie question à se poser sur l’évolution de l’État fédéral, qui renvoie aux régions ses compétences. »
« Apologie du terrorisme »
En juin, une intervention d’un représentant de la plateforme Charleroi-Palestine avait fait polémique. Denis Ducarme (MR-IC) avait dénoncé : « Vous avez applaudi un citoyen qui justifiait les agissements du Hamas, un mouvement terroriste. Vous faites donc l’apologie du terrorisme ai sein du conseil communal. »
Lors du précédent conseil, début septembre, Denis Ducarme avait déjà abordé le sujet, alors que le bureau du conseil lui avait demandé de reporter le point de quinze jours. L’élu MR-IC avait alors quitté l’assemblée, déclarant : « Je m’en vais, mais je reviendrai.» Aujourd’hui, il y est revenu calmement. « Avez-vous vérifié qui vous invitez au conseil ? Charleroi-Palestine est liée à Samidoun, organisation considérée comme filiale du FPLP, mouvement qualifié de terroriste par l’UE. C’est une erreur de l’avoir invitée, et une erreur de l’avoir applaudie. »
Réponse du collège
Thomas Dermine a répondu à Denis Ducarme, jugeant ses interrogations légitimes. Le bourgmestre a d’abord précisé que la Ville n’avait pas invité cette plateforme : elle a utilisé les dispositions prévues par le règlement du conseil pour interpeller le collège. Comme pour chaque interpellation, la Ville a vérifié l’identité de l’auteur, sa domiciliation et celle des membres du groupe. Le texte complet devait également être validé au préalable.
« Les propos litigieux ont été tenus lors de la réplique, qui n’est pas contrôlable en amont. » Autre problème relevé : l’orateur n’était pas la personne ayant introduit la demande. « À l’avenir, nous accentuerons le contrôle entre le dépositaire de la question et l’intervenant. »
Denis Ducarme a conclu : « Une réplique est toujours préparée à l’avance. Je vous invite à resserrer le dispositif. »
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