Depuis trente ans, l’Espérance, à Thuin, accueille des personnes dépendantes à l’alcool en post-cure. Et depuis le 13 mars, comme tout le monde, les pensionnaires sont confinés. Une contrainte supplémentaire pour ces personnes en lutte depuis parfois des mois. L’institution n’a pas été touchée par le Covid. Elle envisage donc de reprendre les visites, de manière très réglementée et réfléchit au déconfinement.
Le confinement doit se combiner à la dépendance
A l’Espérance, on ne compte aucun cas de Covid. Mais comme partout, on est confiné. Plus de visites, plus de sorties. Une privation de liberté qui s’ajoute à la lutte quotidienne contre la dépendance à l’alcool.
« On avait tous des craintes sur la façon dont ça allait de passer, reconnait Jacques Hansenne, le directeur de l’Espérance, sur la façon dont les patients résidents ici allaient prendre les choses. Et finalement, ça s’est mieux passé que ce qu’on croyait. On a gardé quasiment tous nos résidents, parce qu’on a très vite bien communiqué et expliqué les décisions. Qui dit confinement, dit plus de sorties, c’’est nous qui allons faire les courses pour les patients résidents. Donc les tentations ne sont plus là. Et, de ce qu’on entend, ils n’y pensent même plus. »
« Etant dans une bulle assez protégés, témoigne Eddy (prénom d’emprunt), l’un des patients résidents, on apprécie difficilement la difficulté qu’il y a à être confinés à l’extérieur. On est relativement gâtés, à mon avis. On a un bel espace pour arriver à s’occuper. Le jardin, l’environnement avec les fleurs, la menuiserie, l’atelier cuir, le dessin… On quand même beaucoup d’activités, contrairement à beaucoup de citoyens qui sont confinés dans des appartements sas possibilités de sortir. »
Bientôt le retour des visites
Et les visites seront réorganisées après autorisation de l’AVIQ. Mais de manière très cadrée. Personne ne rentrera dans la résidence. Les visites ne dureront que 50 minutes à une heure, sous une tente sur le parking devant la résidence, et avec toutes les mesures de distanciation et d’hygiène.
Beaucoup de demandes de conseils de l’extérieur depuis le confinement
Mais à l’extérieur, les études le montrent, la consommation d’alcool augmente. L’Espérance reçoit de plus en plus de coups de fil à ce sujet.
« Ce que je percevais, poursuit le directeur de l’Espérance, ce sont souvent des gens en grande souffrance, en très grande détresse. Qui souhaitaient s’en sortir et se demandaient ce qu’ils devaient faire, etc. »
L’angoisse de l’après
Dès lundi, le personnel reprendra à temps plein. Mais les pensionnaires attendent le déconfinement avec aussi une pointe d’anxiété.
« Ce qui est le plus lourd à porter, conclut Eddy, c’est de ne pas avoir d’échéances, de ne savoir ni quand ni comment ça va se passer. Un peu comme quelqu’un qui sort d’une plongée à grande profondeur, il va falloir respecter des paliers de décompression. Sortir de manière progressive pour éviter de chuter dans un moment soit d’euphorie, soit de dépression parce qu’on est confinés d’une manière plus sévère que ce que nous sommes ici. »
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