À Charleroi, le conflit international tristement au cœur de l’actualité s’est invité au conseil communal. La Ville a voté une motion de soutien à la majorité, moins l’abstention du MR-IC. Denis Ducarme (MR-IC) a voté contre.
La Plateforme Charleroi pour la Palestine a d’abord demandé des éclaircissements sur le précédent dossier Beer Sheva : la ville israélienne devait être mise à l’honneur à Charleroi en tant qu’exemple de développement durable et à faibles émissions de carbone dans le désert. L’événement avait été reporté. Babette Jandrain, échevine des Relations internationales, a donné des précisions sur l’incident : « Charleroi fait partie d’un consortium qui permet à la ville de bénéficier de fonds européens pour des projets durables. Charleroi n’a pas participé au choix d’inviter cette ville, c’est un choix propre à une ville pilote du consortium, Munich. »
La Plateforme a ensuite demandé à la Ville de se positionner sur le conflit : « Israël est une colonie de peuplement qui tue, détruit, exproprie, exploite, procède au nettoyage ethnique et à l’incarcération de masse (…) Aujourd’hui, Gaza est détruite, ses habitants sont tués en masse. Aujourd’hui, la Cisjordanie est morcelée, occupée, colonisée. Quelles sont les mesures que prévoit de prendre Charleroi, à son niveau ? » Elle a rappelé qu’en 2021, le Collège prévoyait d’exclure de ses marchés publics, dans les limites de la législation, toute entreprise entretenant des liens ou jouant un rôle dans l’occupation de la Palestine.
Une motion de soutien
Cette interpellation a permis au PS, au PTB et au groupe Les Engagés de présenter leur motion, soumise au vote ce jour : un texte de solidarité avec les populations civiles à Gaza et en Cisjordanie, appelant au respect du droit international humanitaire et à des mesures fortes de la part des autorités belges face aux violations constatées.
La motion vise notamment à :
- Demander au gouvernement wallon d’examiner les aides économiques, subsides et partenariats régionaux qui pourraient bénéficier, directement ou indirectement, à des entreprises complices de la colonisation.
- Demander au gouvernement fédéral et à l’Union européenne d’œuvrer à un cessez-le-feu immédiat, à la libération des otages israéliens et des prisonniers palestiniens.
🔗 Lire la motion et l’ensemble des demandes faites aux différents gouvernements
Le PS, le PTB et Les Engagés s’expriment
« Il faut défendre ce qui est juste et condamner ce qui est inacceptable. Même à notre niveau local, quand on peut agir, il faut le faire », indique Isabella Greco, cheffe de groupe PS. « L’UE reste dans une forme d’inaction. À Charleroi, nous avons en effet exclu les entreprises en lien avec l’occupation et nous demandons au gouvernement wallon d’en faire autant. » Pauline Boninsegna, cheffe de groupe PTB, ajoute : « Dans des situations inédites, des collaborations inédites se créent, comme ici entre nos trois groupes politiques. Le gouvernement dit beaucoup de choses, mais agit très peu. Certains partis expliquent ou excusent même ce qui se passe. Les citoyens, eux, se bougent et sont dans la rue pour que ça change. Un embargo total et une rupture commerciale auraient un impact immédiat sur ce pays et ses actions ! » Manon Choël, cheffe de groupe Les Engagés, souligne qu’il faut « veiller à ce que l’argent de la collectivité ne soutienne pas, même indirectement, de tels actes. »
Le MR-IC ne vote pas la motion
« C’est un drame, ce qui se passe à Gaza. D’ailleurs, au gouvernement, nous avons voté un texte qui n’a pas été rejoint par le PS, ni par le PTB. Et non, on ne peut pas parler de génocide », indique Denis Ducarme, conseiller MR-IC. Il poursuit : « Vous avez tous applaudi le citoyen qui prend la parole ce soir en justifiant les agissements du Hamas, qui est un mouvement terroriste. Vous faites donc l’apologie du terrorisme. Nous ne voterons pas cette motion, car elle est contraire à ce que nous avons voté au gouvernement fédéral. Les Engagés prennent une position contraire, et nous le regrettons. » Le MR-IC a également regretté ne pas avoir été convié au groupe de travail concernant la motion.
« Quand il y a des caméras, vous êtes là. Mais pour travailler, il n’y a personne », a rétorqué Isabella Greco. « Comment faites-vous pour vous regarder dans un miroir en votant contre un cessez-le-feu ? » « Le seul parti francophone à défendre les représentants d’Israël, c’est le vôtre », a ajouté Pauline Boninsegna. « Mais nous n’avons pas voulu vous exclure, vous avez eu toutes les informations », a précisé Manon Choël, déplorant que les couleurs politiques prennent parfois le pas sur le fond du débat.
Le MR s’est abstenu, sauf Denis Ducarme qui a voté contre, seul.
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