Vaccin: faut-il s'inquiéter des perturbations de son cycle menstruel? (Vidéo)

par
|

Sur les réseaux sociaux, entre copines, la rumeur enfle et l’inquiétude gronde… Des femmes relatent leur expérience du vaccin contre la Covid-19, et elles sont de plus en plus nombreuses, à connaître des troubles menstruels, voire à ne plus avoir de règles du tout. Pour y voir plus clair, nous avons interrogé le responsable du service de gynécologie du Grand Hôpital de Charleroi, le docteur Jean-Michel Mine.

Deborah n’est pas ce que l’on appelle une antivax, c’est même de bonne grâce qu’elle s’est rendue au centre de vaccination en juin dernier pour recevoir sa première dose.  En juillet, elle repart pour une deuxième injection, bien qu’elle ait déjà remarqué des changements dans son cycle menstruel. 

« Lorsque je me suis fait vacciner, je n’ai eu aucun symptôme, hormis cette absence de règle dès la première dose. Cela va faire trois mois que je n’ai plus rien.  Le premier mois, je ne me suis pas inquiétée, le deuxième mois, j’ai fait un test de grossesse qui s’est avéré négatif. Là, je commence à m’inquiéter un peu. Je prends la pilule donc je sais exactement quand je vais être indisposée. Je n’ai pas de saignement, par contre, j’ai tous les symptômes des règles, douleurs dans le ventre, maux de têtes etc… J’ai pris rendez-vous chez ma gynécologue, mais je ne la verrai qu’en décembre. Ce n’est vraiment pas rassurant.»

Déborah a accepté de nous répondre parce qu’elle s’est rendue compte qu’elle n’est pas seule. Quelques-unes de ses collègues sont dans la même situation, et face aux mêmes interrogations. 

Pour le Docteur Jean-Michel Mine, chef du service de gynécologie au Grand Hôpital de Charleroi, il n’y a pourtant pas lieu de s’inquiéter. 

«Non, il ne faut pas s’inquiéter. Toutefois, il faut savoir que la fréquence exacte de ces perturbations est inconnue. Attribuer ces perturbations au seul vaccin est difficile parce que c’est pour nous un problème assez fréquent. Beaucoup de choses peuvent perturber le cycle menstruel que ce soient une infection, une altération de l’état général, du stress ou un choc émotionnel. Ce sont des choses que l’on connait mais plus souvent aussi lorsqu’il n’y a pas de contraception hormonale. »

Charleroi ne fait pas exception à la règle 

A Charleroi, le problème reste plutôt anecdotique dans les services du docteur Mine mais toutes les femmes ne prennent peut-être pas la peine de téléphoner à leur gynécologue pour signaler ce problème. 

En France, l’Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM), s’est saisie des cas de troubles menstruels suite à la vaccination anti-Covid. 

300 cas connus ont été relevés sur des millions de doses. A ce jour, l’agence de contrôle française, ne peut établir un lien formel entre la vaccination et les troubles menstruels, toutefois, elle a récemment mis à jour sa liste des effets indésirables potentiels suite au vaccin, y incluant les troubles menstruels. 

Alors, comment expliquer ce phénomène et que faire lorsque les troubles surviennent ? C’est la question que nous avons posé au Docteur Mine. 

« Selon les informations que l’on peut trouver dans la littérature scientifique, cet effet dure un ou deux mois, donc au-delà il vaut mieux aller consulter pour éliminer d’autres causes. Certains experts disent que la réaction immunitaire engendrée par le vaccin pourrait avoir des influences sur le cycle au niveau hormonal soit via les cellules immunitaires qui se situent au niveau de l’endomètre, la muqueuse de l’utérus qui s’en va lors des règles.» 

Face à cette réaction immunitaire,  tous les vaccins sont à égalité, les études réalisées en Grande Bretagne montrent que la réaction est la même qu’il s’agisse d’une vaccin à ARN messager ou d’un vaccin adénovirus.

Les troubles durent en moyenne de un à deux mois

Pour Salwa, aussi l’inquiétude monte, après trois mois de perturbation, elle se demande ce qu’on lui a injecté dans les veines. 

« Je me suis fait vacciner en Juillet. J’avais un stérilet hormonal qui me posait problème, je suis donc passé à un stérilet en cuivre. J’avais donc l’habitude d’avoir des troubles, mais ce qui est étrange, c’est que en juillet, je me suis faite vacciner je n’ai eu aucune perte de sang. Dans le doute, j’ai fait un test de grossesse, mais il s’est avéré négatif.  En août, j’ai eu un retard et en septembre à nouveau de fortes perturbations. »  

Salwa s’est vite rendue compte aussi qu’elle n’était pas seule dans le cas, plusieurs de ses amies avaient des problèmes de cycle menstruel. Elle se demande aujourd’hui combien de temps cela va-t-il durer ?  

Selon notre témoin, certains gynécologues iraient même jusqu’à conseiller aux jeunes filles de ne pas faire le vaccin si un jour elle voulait avoir des enfants. Un conseil insensé selon le docteur Mine.

« Au niveau médical, tout le monde est d’accord sur le fait que le vaccin n’influence pas la fertilité des femmes. L’avantage que l’on aurait d’avoir une réponse sur les effets du vaccin sur le cycle menstruel permettrait justement de pouvoir rassurer les femmes et les informer, afin de ne pas permettre aux fake news de se répandre. Ces problèmes de troubles ne doivent pas empêcher les jeunes femmes de se faire vacciner. A souligner aussi que le vaccin n’a pas d’influence sur la contraception.»

Une meilleure information et une investigation sérieuse au niveau des experts et des agences de contrôle permettraient donc d'arrêter l'hémorragie de rumeurs infondées, mais le cas de ces femmes intéressent-ils les chercheurs ? C'est toute la question. 

Retour des règles chez des femmes ménopausées

Laurence, elle, ne veut pas se faire vacciner, elle nous rapporte le cas d’une amie de 65 ans ménopausée depuis plusieurs années qui après une injection du vaccin, a connu un retour de règle. Ce phénomène s’appelle la métrorragie. 

« Quand j’entends tous ces cas de perturbations hormonales, je vous avoue que je n’ai aucune envie de me faire vacciner. Mon amie était ménopausée, à 65 ans, elle a eu un retour de règle après le vaccin. Et quand elle en a parlé avec sa pharmacienne, celle-ci lui a répondu qu’elle n’avait jamais autant vendu de tests de grossesse. » 

Cette situation, comme celle des règles absentes ou plus abondantes,  est difficile à quantifier parce que les femmes qui ont ce genre d’effets secondaires ne les font pas forcément remonter, elles prennent le plus souvent leur mal en patience.

Pourtant, sans pour autant s’alarmer trop vite, les femmes ménopausées doivent être attentive à ce retour de règles et éliminer toutes autres possibilités d’infection

« Après la ménopause, le vaccin ne peut pas déclencher de perte de sang donc il est important de consulter ! Il ne faut pas mettre tout sur le dos du vaccin. Les dames qui ont des pertes de sang alors qu’elles sont ménopausées doivent aller voir leur médecin ou leur gynécologue pour exclure toutes autres causes, toutes autres infections.»

La vaccination des femmes enceintes recommandée

Le Dr Robin du CHU de Lille, interrogé par la revue Medscape va plus loin et s’il est plutôt rassurant en ce qui concerne les troubles menstruels, il est beaucoup plus alarmiste face aux femmes qui refusent la vaccination alors qu'elles sont enceintes ou désirent avoir un enfant.

"Quand on voit les conséquences dramatiques du Covid chez les femmes enceintes aux deuxièmes et troisièmes trimestres de grossesse, je considère qu'il faut vacciner les femmes avant leur grossesse pour aborder celle-ci sereinement." 

A Charleroi, le Dr Jean-Michel Mine est du même avis, la balance "risque - bienfait" penche clairement en faveur de la vaccination. 

« Oui, le vaccin reste conseillé pour les femmes enceintes ou les femmes qui envisagent une grossesse. si on fait un Covid symptomatique en fin de grossesse, on a plus de risques d’avoir des complications y compris des complications graves. Cela est dû au fait que l’immunité change pendant la grossesse, il y a aussi des facteurs aggravants au niveau respiratoire, liés à la compression thoracique.»

Pour voir ou revoir notre reportage diffusé dans le journal du 24 septembre 2021 : 


Sur le même sujet

Recommandations

Image
Le nombre d'accidents liés à l'alcool double en Wallonie durant les fêtes, rappelle l'AWSR

Le nombre d'accidents liés à l'alcool double en Wallonie durant les fêtes, rappelle l'AWSR

Plus d'un accident sur quatre (26%) à Noël et un sur trois (38%) au Nouvel An est lié à l'alcool, soit le double par rapport au reste de l'année (16%), alerte vendredi l'Agence wallonne pour la Sécurité routière.
Image
CHU Charleroi-Chimay : une formation pour réagir aux attaques terroristes

CHU Charleroi-Chimay : une formation pour réagir aux attaques terroristes

Une formation dédiée à la médecine d’urgence a été donnée au CHU Charleroi-Chimay, sur le site de Lodelinsart. L’objectif :apprendre aux participants a réagir rapidement en cas d’attaque. Parmi les exercices: une attaque terroriste dans une boîte de nuit.
Image
Maladie de la langue bleue : Pour 2026, les autorités recommandent de vacciner mais ne subventionnent plus

Maladie de la langue bleue : Pour 2026, les autorités recommandent de vacciner mais ne subventionnent plus

Les autorités fédérales recommandent aux éleveurs de continuer à vacciner leur troupeau en 2026 contre des maladies de la langue bleue ou la MHE. Mais aucune intervention budgétaire fédérale n'est plus prévue pour les vaccins ou les actes vétérinaires.
Image
Journée mondiale de lutte contre le sida : « On peut l’éviter »

Journée mondiale de lutte contre le sida : « On peut l’éviter »

662 nouveaux diagnostics de VIH en Belgique en 2024. À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, Charleroi se mobilise pour rappeler que l’infection peut être évitée et que le dépistage reste accessible toute l’année.
Image
Deux Belges sur trois continuent à travailler alors qu'ils sont malades

Deux Belges sur trois continuent à travailler alors qu'ils sont malades

Deux Belges sur trois (65,9%) ont continué à travailler malgré des problèmes de santé au cours des douze derniers mois, rapporte jeudi une étude du prestataire de services RH Tempo-Team. La flexibilité peut constituer une solution à ce "présentéisme".
Image
Sivry-Rance : Alfie, le golden retriever qui veille sur les élèves

Sivry-Rance : Alfie, le golden retriever qui veille sur les élèves

Présent depuis plus de deux ans dans les couloirs de l’institut technique de la communauté française de Rance, Alfie, le chien de la directrice, est devenu une figure essentielle du bien-être scolaire.
Image
La fin du brevet infirmier relance les tensions dans le secteur

La fin du brevet infirmier relance les tensions dans le secteur

Dès septembre prochain, le brevet infirmier disparaît au profit d’une nouvelle formation d’assistant en soins. Une réforme qui inquiète écoles, étudiants et hôpitaux, alors que la filière actuelle forme plus d’un tiers des futurs infirmiers.
Image
Coppieters juge l'objectif sur les malades de longue durée atteignable pour la Wallonie

Coppieters juge l'objectif sur les malades de longue durée atteignable pour la Wallonie

Le ministre régional de la Santé Yves Coppieters a jugé mardi "possible" pour la Wallonie de remplir sa part dans l'objectif fédéral de remettre au travail 100.000 personnes malades de longue durée d'ici 2029.
Image
Grève nationale : Pas de perturbations majeures sur le site des Viviers

Grève nationale : Pas de perturbations majeures sur le site des Viviers

Grève des 24, 25 et 26 novembre 2025 : le Grand Hôpital de Charleroi (Les Viviers et Notre Dame) fait le point sur ses activités.
Image
Le radon, un ennemi invisible dans votre maison

Le radon, un ennemi invisible dans votre maison

Chaque année, à cette période, l'Agence fédérale de Contrôle Nucléaire invite les belges à mesurer le taux de radon dans leur habitation. Ce gaz radioactif présent dans nos sous-sols peut entraîner des problèmes de santé comme le cancer des poumons.
Image
La mucoviscidose: une maladie mal connue, mais aux conséquences multiples

La mucoviscidose: une maladie mal connue, mais aux conséquences multiples

La mucoviscidose est une maladie génétique qui touche les voies respiratoires et digestives. D'autres organes peuvent aussi être touchés. Et elle augmente le risque de diabète, entre autres. Le témoignage de Frédéric qui souffre de cette maladie.
Image
Petite enfance : moins de moyens pour les crèches et une pénurie de places qui persiste

Petite enfance : moins de moyens pour les crèches et une pénurie de places qui persiste

Le secteur de la petite enfance va lui aussi être touché par les mesures d’économie du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Crèches et ONE devront se serrer la ceinture même si la pénurie de places en crèches et milieux d’accueil persiste.
Image
Délais des tests du sommeil en Wallonie : Caroline Taquin a alerté Franck Vandenbroucke

Délais des tests du sommeil en Wallonie : Caroline Taquin a alerté Franck Vandenbroucke

Face aux délais d’attente alarmants pour accéder à un test du sommeil en Wallonie allant parfois jusqu’à neuf mois, la députée wallonne et bourgmestre de Courcelles Caroline Taquin a interpellé le Ministre fédéral de la Santé Franck Vandenbroucke.
Image
Un espace de mémoire et d'humanité au Grand Hôpital de Charleroi

Un espace de mémoire et d'humanité au Grand Hôpital de Charleroi

Les six hôpitaux de Charleroi et de Chimay, ont accueilli dans leurs murs, un lieu de commémoration pour les patients décédés. Un espace symbolique, qui met en lumière le lien profond qui se tisse dans l’accompagnement des personnes en fin de vie.
Image
L'Hôpital Marie Curie franchi une étape cruciale pour détecter les nodules pulmonaires

L'Hôpital Marie Curie franchi une étape cruciale pour détecter les nodules pulmonaires

Le service de Pneumologie de l’Hôpital Marie Curie de Lodelinsart, vient de franchir une étape décisive dans le domaine de la détection précoce des nodules pulmonaires. Un concept unique en Wallonie, de micro-caméra endoscopique d’une précision inégalée.