L'aide à la jeunesse ne chôme pas : exemple avec Siloé à Châtelet

par
|

De nouveaux centres de protection des enfants fragilisés ou en danger à cause de cette période de confinement voient le jour et notamment au sein de l'ISPPC à Charleroi, mais aussi dans toute la Fédération wallonie Bruxelles.  Les services semblent être débordés. Comment expliquer cela ? Nous avons interrogé la directrice de l'asbl Siloé à Châtelet qui travaille dans et avec les familles, en hébergement ou en suivi

Chez Siloé à Châtelet, les services d’hébergement sont divisés en trois les 5-12 ans accueillis à "la fermette""L'accueil" pour les 13-18 ans et le service de mise en autonomie pour de jeunes ados désireux de de prendre leur envol.  Ces services accueillent ensemble plus d’une trentaine de jeunes. 

Il y a aussi « le panel » un service d’accompagnement des familles, elles sont 28 à être suivies régulièrement à l’heure actuelle. Ici comme partout, la directrice Anne Ricard, nous explique comment il a fallu s'adapter.

"Le travail se fait vraiment différemment, nous avons dû vraiment être créatifs parce que nous n'avions plus les moyens d'aller en famille, mais si le jeune est en danger, il faut pouvoir intervenir. Et donc nous avons développé des outils de vidéo-confrence, nous appellons les familles deux fois par semaine. nous nous sommes dit au départ que nous serions moins proches des parents parce que nous n'étions pas chez eux, mais pas du tout.  C'est à la fois très différent et ça développe d'autres choses."

Le confinement renforce parfois les tensions, parfois pas 

L’augmentation de la violence dépend de la situation de chaque famille, c’est vraiment du cas par cas. Le confinement renforce d'ailleurs plus souvent les tensions entre adultes, mais se sont les enfants qui trinquent. Un travailleur social nous explique parallèlement qu’ 

« il a fallu parfois téléphoner aux écoles pour pouvoir, même si les parents ne travaillent pas, mettre un enfant en garderie, histoire de laisser passer la tempête. »

Par contre, ce qu'il a aussi remarqué c’est que les familles prennent plus vite en charge leurs difficultés aujourd’hui, elles sont plus collaborantes.  Un peu comme si le confinement poussait à la réflexion ou amenait une certaine forme de normalité où on est un peu tous dans la même galère.  

« Aujourd’hui, les bénéficiaires sont en attente, nous dit encore Christophe, le travailleur social. Il y a moins de blocages. Avant, nous avions plus souvent portes closes, avec la visio-conférence les gens nous attendent. C'est presque étonnant. Les réflexions sociétales dans les médias, le fait qu’il s’y développe une réflexion sur la solidarité, ça soulage nos familles, ça les incitent à se prendre en charge. » 

Les services d'intervention intensifs sur le qui-vive 

Siloé dispose aussi de deux services d'intervention intensifs, des SAMI, un à Huy et l'autre à Bruxelles, pour eux le travail est très différent et la tension dans les familles palpable. Habitués à se déplacer à domicile, les éducateurs sont aujourd'hui un peu bloqués dans leur travail et les interventions sont beaucoup plus complexes.

"Il faut savoir que ce sont des enfants, où il y a nous avons une suspicion de maltraitance et de négligence et le public est différent ce sont des 0 à 6 ans.  Donc là, nous sommes clairement avec des familles en grosse difficulté éducative.  Le confinement, le fait que les enfants n'aillent pas à la crèche et à l'école, c'est compliqué.  Nous explique Anne Ricard, la directrice de Siloé. Quand on est en vidéo-conférence, ça va bien, on voit les parents mais on ne voit pas forcément les enfants, les plus petits, ni leur expression par rapport à leurs difficultés.  Donc on va devoir réfléchir à comment retourner dans les familles, parce que les enfants sont là et en attente de solutions et vraiment d'être protégés."

Des services parfois débordés 

Si à Châtelet la situation reste gèrable, d'autres structures sont visiblement débordées en ces temps de confinement.  A un point tel que l’ONE, avec le service d’aide à la jeunesse et l’ISPPC à Charleroi, a ouvert un centre de protection des enfants fragilisés ou en danger à cause de cette période de confinement. Un centre provisoire, un SASPE, service d’accueil spécialisé de la petite enfance, aménagé dans une crèche de l’ISPPC, l’Ile aux Merveille à Lodelinsart, fermée pour cause de Coronavirus. 

En deux jours à peine, les 16 places disponibles ont été occupées par des enfants de 0 à 6 ans.  Très bientôt une autre structure ouvrira pour les plus grands. 

«  Il  y avait pas mal de demande d’accueil pour les enfants en situation de danger grave, et qui devaient être placés en dehors de leur milieu familial et qui ne trouvait pas de possibilité d’être orienté vers une autre structure » explique la directrice coordinatrice de l’ONE, l’office de la naissance et de la petite enfance, Brigitte Marchand

Et Alberto Mulas, le directeur du pôle de l’enfance et de l’adolescence à l’ISPPC, de surenchérir

« Les familles confinées doivent parfois choisir en ces périodes de disette entre payer la nourriture des enfants ou la télédistribution.  La télévision étant pour certains le seul moyen d’évasion, la tentation est grande de tomber dans une forme de négligence qui consiste à privilégier ses loisirs au lieu des enfants.  Il y a là une forme de maltraitance qui nous oblige à extraire les enfants de leurs familles. »

  L’ISPPC, dispose déjà d’une solide expérience en SASPE avec l’Auberge du Maréchal Ney où 40 enfants sont accueillis, a proposé d’accueillir ces enfants issus de toute la Fédération Wallonie-Bruxelles. Ces enfants sont placés dans le cadre d’un mandat d’une autorité mandante de l’aide à la jeunesse. Le SASPE peut aussi accueillir des enfants à la demande de leurs parents pour différents motifs (parents hospitalisés, …).

Ce service aura une durée de vie limitée, du 20 avril au 30 Juin 2020, en espérant ensuite un retour à la normale.

35 membres du personnel de l’intercommunale se sont portés volontaires pour participer au projet. Ils viennent d’autres structures d’accueil comme les crèches, les halte-accueil et les AMO.

Jeunes au centre Adeps de Loverval

D'autres projets, vont également voir le jour en Fédération Wallonie Bruxelles pour un total de 39 places. 14 à la cité de l'enfance pour les 6 - 18 ans (Centre adeps de Loverva), 3 à Yvoir (Namur) pour les 12 - 18 ans.  Le premier mai, le centre Adeps de Spa va accueillir une fois 14 enfants de 6 à 18 ans et encore 8 autres issus des services résidentiel de jour de Verviers.

En Belgique, selon les dernières statistiques, qui ne date pas d’hier, Il y aurait 4 000 jeunes et enfants en famille d’accueil,  entre 2 et 3 000 dans des services résidentiels de jour et l’ONE peut déjà accueillir près de 500 enfants en situation d’urgence.  Une situation qui ne risque pas de s’améliorer.  Les services d’aide à la jeunesse devront probablement refaire le compte à l’issue du confinement. 

 


Sur le même sujet

Recommandations

Image
Charleroi organise un apéro solidaire pour les Restos du Cœur

Charleroi organise un apéro solidaire pour les Restos du Cœur

En 2024, les Restos du Cœur ont distribué 1,6 million de repas en Belgique, alors que le budget fédéral pour l’aide alimentaire chute de 27 à 15 millions d’euros. À Charleroi, un apéro solidaire est organisé pour soutenir le Resto du Cœur local.
Image
Retour sur le petit-déjeuner des bourgmestres et des députés à Télésambre

Retour sur le petit-déjeuner des bourgmestres et des députés à Télésambre

Les bourgmestres et les députés de la région se sont réunis aujourd'hui à Mediasambre, autour d'un petit-déjeuner. Au programme: échanges autour d'un café et d'une viennoiserie, mais aussi, l'enregistrement des voeux des élus pour la prochaine année.
Image
La Défense belge ouvre une nouvelle unité de contrôle des mouvements à Gosselies

La Défense belge ouvre une nouvelle unité de contrôle des mouvements à Gosselies

Une 1ère étape concrète a été franchie dans le projet de caserne militaire du Quartier du Futur à Charleroi. Un nouveau détachement de l'Unité de Contrôle des mouvements de la Défense belge s'est installé sur le site de Sabena Engineering à Gosselies.
Image
La "Debjarun Academy" a lancé sa première activité pour les seniors

La "Debjarun Academy" a lancé sa première activité pour les seniors

L'athlète carolo Ismaël Debjani et sa "Debjarun Academy", viennent de lancer leur première activité pour les seniors, en collaboration avec la Ville de Charleroi. Objectif: renforcer la santé, la mobilité et le bien-être des plus de 60 ans.
Image
Un air de fête dans les couloirs de l’hôpital Léonard de Vinci

Un air de fête dans les couloirs de l’hôpital Léonard de Vinci

À l’hôpital Léonard de Vinci, la routine s’est effacée le temps d’une parenthèse . Pour la première fois depuis la pandémie, le marché de Noël a fait son grand retour dans les couloirs, apportant sourires et un air de fête aux patients comme au personnel.
Image
Full TV devient la Podcasterie

Full TV devient la Podcasterie

Full TV a été lancé en 2006, à l'initiative de Thomas Parmentier. Depuis un certain temps, elle avait disparu des radars, sans doute pour mieux se réinventer. Full TV devient en effet la Podcasterie.
Image
Châtelet : une commune qui s'engage pour les familles

Châtelet : une commune qui s'engage pour les familles

Répondant à un appel de la Ligue des familles, 33 communes se mobilisent pour mieux soutenir les familles avec enfants. Plaines de jeux, horaires communaux adaptés, places en crèche ... Voici quelques exemples des actions qui devraient être mises en place
Image
Fontaine-l'Evêque : en réaction à la hausse de la TVA sur les plats à emporter, ils baissent le prix de leur paquet de frites

Fontaine-l'Evêque : en réaction à la hausse de la TVA sur les plats à emporter, ils baissent le prix de leur paquet de frites

La TVA sur les prix des repas à emporter et en livraison passe de 6 à 12%. Une hausse pas forcément bien accueillie par le secteur de l’Horeca et certains indépendants font preuve d’imagination pour préserver leurs clients.
Image
Plan Oxygène: une solution a été trouvée pour les 6 dernières villes, confirme le ministre

Plan Oxygène: une solution a été trouvée pour les 6 dernières villes, confirme le ministre

Une solution a finalement été trouvée pour le financement du prêt Oxygène accordé aux six villes wallonnes: Mons, Charleroi, Liège, Seraing, Namur et La Louvière.
Image
Nouvelle édition du Village Solidaire, un moment de partage et de solidarité

Nouvelle édition du Village Solidaire, un moment de partage et de solidarité

Pour sa 7ème édition, le CAL Charleroi organise le Village Solidaire. Et il a vu entrer dans la chaîne de solidarité encore plus de personnes que lors des opérations précédentes! Il faut dire que, vu le contexte, les défis sont de taille.
Image
Chimay: le Bois de Blaimont bientôt classé réserve naturelle ?

Chimay: le Bois de Blaimont bientôt classé réserve naturelle ?

À Chimay, le Bois de Blaimont pourrait obtenir le statut de réserve naturelle. Le dossier sera soumis au Gouvernement wallon d’ici la fin de l’année 2025. Pour accueillir le public tout en protégeant la biodiversité, plusieurs aménagements sont prévus.
Image
La parade de Noël de tracteurs à Chimay c'est le 21 décembre !

La parade de Noël de tracteurs à Chimay c'est le 21 décembre !

Pour la quatrième année consécutive, nous organisons notre traditionnelle Parade de Noël en tracteur le dimanche 21 décembre à Chimay. Un événement féerique qui a rassemblé l'an dernier plus de 5 000 visiteurs tout au long des routes.
Image
Charleroi et Bruxelles frappés par les décisions de Ryanair

Charleroi et Bruxelles frappés par les décisions de Ryanair

Ryanair va supprimer un million de sièges à Bruxelles et Charleroi dès l’hiver 2026-2027 et retirer cinq avions de sa base carolo. En cause : la hausse des taxes. Un bras de fer s’engage entre la compagnie et les autorités.
Image
Le nouveau service d'orientation de la Cité des Métiers a ouvert ses portes avec succès

Le nouveau service d'orientation de la Cité des Métiers a ouvert ses portes avec succès

Le service d'orientation de la Cité des Métiers à Charleroi a ouvert ses portes au public dans ses nouveaux locaux. Et pour un premier jour d'activité sur le nouveau site, c'était plutôt l'affluence. Les conseillers ont enchaîné les entretiens.
Image
Une boutique Ernest & Célestine ouvre à Charleroi

Une boutique Ernest & Célestine ouvre à Charleroi

À Charleroi, un lieu tout doux et plein de poésie vient d’ouvrir ses portes : la première boutique Ernest & Célestine. Elle est installée au siège de la Fondation Monique Martin, la créatrice de l’ours Ernest et de la petite souris Célestine.