L’étude annuelle Belfius a révélé il y a quelques jours que 6 hôpitaux sur 10 sont en déficit, soit 2 fois plus qu’en 2021. En plus de la crise sanitaire, des indexations ou de la crise énergétique, la charge des pensions des agents statutaires semble conduire les hôpitaux publics dans le mur. C’est le cas notamment pour l’intercommunale de soins de santé de Charleroi Métropole : HUmani (ex-ISPPC).
En effet, selon l’étude MAHA de Belfius, les hôpitaux sont en mauvaise santé financière : après un gain de 147 millions en 2021, l’ensemble des hôpitaux généraux enregistrent en tout une perte de 181 millions l’année dernière, ils reculent donc de 328 millions en 2022. Suite à la révélation de ces chiffres, Santhéa, une fédération patronale d'institutions de soins wallonnes et bruxelloises, a mis l’accent sur les différentes causes de cette mauvaise santé financière des hôpitaux :
« Il s’agit ici de facteurs externes sur lesquels les hôpitaux et leurs gestionnaires n’ont aucune prise : inflation galopante impactant la masse salariale, mais également tous les achats et le coût des constructions, augmentation inédite du coût de l’énergie, charge des pensions des agents statutaires dans les hôpitaux publics et privés ayant du personnel statutaire mis à disposition, augmentation exponentielle des coûts liés à la cybersécurité et à la protection des données, etc. »
HUmani se joint à Santhéa et rappelle que :
« Le secteur hospitalier, historiquement sous-financé, a traversé plusieurs crises successives ces 4 dernières années. Après la pandémie qui a ralenti considérablement le rythme des soins et nécessité des coûts imprévus, l’augmentation exponentielle des coûts énergétiques (très partiellement financés) et des marchandises s’est ajoutée à plusieurs indexations salariales. Et le Bureau fédéral du Plan prévoit toujours une indexation de 4% en 2023 et 2024. »
Des pertes qui se chiffrent en millions d’euros
À son échelle, HUmani voit ces différents facteurs de dégradation financière s’exprimer en millions d’euros en 2023 :
- Énergie : les coûts énergétiques ont quasi doublé, passant de 6,2 millions d’euros à 11,2 millions d’euros
- Indexation des salaires (hors IFIC et 2e pilier pension) : 21,5 millions d’euros bruts (hors déduction du Budget des Moyens Financiers)
- Inflation des marchandises, services et biens divers : 2,6 millions d’euros
- Charge des pensions des agents statutaires : 20 millions d’euros. Le montant sera de l’ordre de 30 millions d’euros dès 2030
- Mise en place d’un second pilier de pension dû au volet pensions des agents statutaires : 6,39 millions d’euros.
Mais à cela s’ajoute un facteur crucial : la charge des pensions des agents statutaires.
« Celle-ci sonne clairement le glas des hôpitaux publics dans des délais très courts, sans intervention extérieure ou un ajustement du BMF (Budget des Moyens Financiers). »
Il faut réagir rapidement
La Direction d’HUmani tire la sonnette d’alarme depuis bientôt 2 ans : le secteur ne se sent pas entendu. En interne, l’ensemble des chefs de service ont proposé des mesures d’économie touchant essentiellement les coûts de fonctionnement (énergie, consommables, etc.).
« Ces efforts, couplés à une activité hospitalière en hausse et à d’autres facteurs, permettent à l’intercommunale de présenter un léger boni à la fin du premier trimestre 2023. Ce n’est toutefois qu’un répit, en regard des prévisions budgétaires. »
Les conséquences à brève échéance pourraient être multiples :
- Cessation de certaines activités déficitaires
- Augmentation des coûts pour le patient
- Diminution de la qualité et de l’offre de soins qui se répercutera sur le personnel, déjà en souffrance
La Direction d’HUmani se joint donc à la requête de Santhéa qui demande au Gouvernement fédéral d’honorer les engagements pris en 2011 (adoption de la loi du 24 octobre 2011 réformant les pensions) et d’augmenter dès à présent le Budget des Moyens Financiers des hôpitaux publics, due à la concurrence des augmentations de cotisations prévues.
Source : communiqué de presse
A.P.