Edito: Pourquoi le renouveau carolo passe-t-il aussi par la vigne?

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La région de Charleroi, longtemps associée à son passé industriel, écrit aujourd’hui une nouvelle page de son histoire. Une page fertile, tournée vers la terre, la passion, et surtout… le vin.

À Marcinelle, un projet viticole ambitieux prend racine : le Domaine du Bois du Prince. À l’origine de cette aventure, comme souvent, une histoire entre potes : Jérôme et Thierry, unis par l’amour du vin et de leur région, vite rejoints par Vincent, un fermier local, pour donner naissance à ce qui deviendra, à terme, l’un des plus grands vignobles du bassin carolo. Cette semaine, ils ont planté plus de 50 000 pieds de vigne sur une superficie de six hectares et demi. C’est dire si le projet est ambitieux.

Mais autour de tout cela, il y a aussi une véritable philosophie, un enracinement local, au propre comme au figuré. Car ici, il ne s’agit pas simplement de produire du vin — même si l’on parle d’un investissement, à terme, de deux millions d’euros — il s’agit aussi de faire revivre un terroir, d’insuffler une nouvelle dynamique économique, agricole et culturelle à une région en pleine métamorphose. D’ici quelque temps, ce sont 40 000 bouteilles de vins tranquilles et effervescents qui devraient être produites chaque année, portant en elles l’âme de notre région... Ce projet n’est pas un cas isolé.

Le Hainaut, terreau pour la viticulture

Depuis une quinzaine d’années, le Hainaut vit une véritable renaissance viticole. On recense aujourd’hui une petite quarantaine de vignobles dans la province. C’est un peu comme pour les fromages — qui s'accommodent si bien avec le divin pinard : il y a un peu de tout… On retrouve des domaines comme Les Agaises ou le Chant d’Éole, dont les bulles sont reconnues à l'international.

À l’autre bout du spectre, il y a le plus petit vignoble du Hainaut — voire de Wallonie : le Clos du Val d’Heure à Montigny-le-Tilleul, où le propriétaire produit entre 6 et 12 bouteilles par an. Oui, mais attention ! Il n’y a pas la quantité, mais il y a la qualité. La preuve : il est devenu l’un des fondateurs du désormais réputé Domaine du Blanc Caillou à Lobbes, dont le chai est taillé dans la roche des Calcaires de la Sambre.

Et puis, il y a aussi le vin doux naturel du Clos des Zouaves, perché dans les jardins suspendus de Thuin. Ou encore le Domaine de la Portelette à Lobbes, celui du Martinet à Monceau-sur-Sambre, etc.

Ancrage local, et passion

Ces initiatives sont guidées par deux maîtres-mots : qualité et passion. L’un ne va pas sans l’autre, car chez nous, le travail de la vigne passe quasiment toujours par des bénévoles, et les investissements, par des coopérateurs… qui sont souvent ces mêmes bénévoles. Une dynamique qui ne doit rien au hasard. Évidemment, le réchauffement climatique, bien que préoccupant à bien des égards, ouvre paradoxalement de nouvelles perspectives viticoles pour notre région.

Mais la vigne ne se résume pas à une simple adaptation agricole. Elle est devenue un vecteur d’identité et de fierté. Le vin rassemble, et devient un levier de développement économique, avec une dimension sociale, et des producteurs qui misent sur des pratiques respectueuses de l’environnement, des cépages résistants, des méthodes durables. La viticulture, chez nous, c’est toute une filière qui se structure. Symbole d’une renaissance. Celle d’un territoire qui prouve, millésime après millésime, que le vin peut être aussi un acte de foi en l’avenir…

 


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