Alors que le tissu associatif voit ses moyens diminuer, les associations de terrain tirent la sonnette d’alarme. Les risques d’expulsions sont toujours là à l’approche de l’hiver et des centaines de personnes vivent sans logement.
À 59 ans, Willy sait ce que signifie vivre dans la rue. Entre 2018 et 2021, il a connu l’errance, le froid, la peur. Trois années sans toit, sans ressources et surtout, sans regard bienveillant.
“Quand on est à la rue, on est considéré comme un déchet,” témoigne-t-il, avec une lucidité douloureuse. Aujourd’hui relogé, il n’oublie rien. C’est pour ça qu’il a pris la parole, lors d’une action de sensibilisation organisée à deux pas de l’hôtel de ville de Charleroi.
Cette mobilisation s’inscrit dans un contexte tendu. A partir du 1er janvier, une réforme du chômage entrera en vigueur et cela inquiète particulièrement les acteurs sociaux. Stéphanie Joly, animatrice pour l’ASBL Solidarités Nouvelles, alerte : “Beaucoup vont basculer vers le CPAS, mais la transition prendra du temps. Certains ne pourront pas payer leur loyer à temps. On craint une vague d’expulsions.”
Face à cette situation, les associations multiplient les revendications : encadrement des loyers, fin du statut cohabitant, et surtout pas d’expulsion sans solution de relogement si la faute n’incombe pas au locataire.
Côté politique, la Ville de Charleroi se veut réactive. Son échevin du Logement, Tanguy Luambua, assure travailler sur plusieurs fronts : “Il faut plus de logements accessibles, un meilleur accompagnement via les agences immobilières sociales, et lutter contre les logements insalubres.”
Il affirle que, sous pression des autorités communales, 300 logements inoccupés ont été remis sur le marché ces six derniers mois, après travaux de mise en conformité.
Mais la crise est là. Fin 2024, l’arrondissement de Charleroi comptait près de 2 500 personnes sans abri ou sans chez-soi. Plus de 600 d’entre elles sont des enfants.
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