Le gouvernement fédéral met un terme dès cette année au financement du plan grand froid, qui permet d’héberger les sans-abri dans cinq grandes villes pendant la période hivernale. A Charleroi, c’est véritablement la douche froide.
« C’est une catastrophe »
Ce Plan Grand Froid, il concerne Charleroi, Liège, Bruxelles et deux autres grandes villes flamandes. Charleroi, par exemple, recevait chaque année un subside régional de 120 000 euros, et un subside fédéral de 65 000 euros pour mettre en œuvre ce plan. C’est un tiers du budget.
« C’est une catastrophe, déplore Emmanuel Mathieu, le directeur du Triangle, l’une des associations qui participent au plan hivernal à Charleroi. Parce que ça s’ajoute à d’autres incertitudes pour notre budget des mois à venir. Concrètement, pour l’abri de nuit qu’on va ouvrir pour ce plan, ça remet en question le nombre de personnes qu’on peut engager, et ça sera plus difficile d’accueillir des familles. »
« C’est la moitié de notre budget pour augmenter le nombre de lits pour SDF quand, pendant trois jours, on a des températures négatives, ajoute Philippe Van Cauwenberghe, le président du CPAS de Charleroi. Les autres années, on engage dix personnes supplémentaires. On ne pourra donc cette fois plus qu’en engager cinq. Et donc, il y aura 25 places en moins pendant les périodes hivernales. »
« Honnêtement, réagit aussi Christine Mahy, la secrétaire générale du Réseau Wallon de Lutte contre la Pauvreté, la première réaction quand on entend ça, c’est de l’indignation, c’est de la colère, c’est de l’incompréhension. On a une augmentation du sans-abrisme. On a un accablement des droits des gens. Et cette mesure accable encore un peu plus. »
« Le financement n’est pas du ressort du Fédéral, mais des Régions »
Selon le Fédéral, on se serait trompé dans les compétences. Ce serait aux Régions seules de financer la lutte contre le sans-abrisme. Ce n’est pas l’avis de Christine Mahy.
« C’est un véritable mensonge, ajoute-t-elle. Les politiques fédérales ont beaucoup à voir avec le sans-abrisme. Entre autres, la façon dont on gère les sorties de prison, le statut de cohabitant ou la politique d’asile qui créent du sans-abrisme. C’était une somme d’argent qui permettait d’avoir un petit sparadrap qui soutenait les acteurs sociaux et une partie de la population pendant cette période hivernale compliquée. Et là, on fait le scratch du sparadrap. »
Quelles solutions?
Le président du CPAS carolo dénonce, lui, des économies de bouts de chandelles.
« Sur 280 milliards de budget, a-t-il calculé, on parle de 300 000 euros au total. Et donc, c’est 0,00001% du budget fédéral. Donc sur le papier, ce n’est rien du tout, mais pour les gens dans la rue, ça va se faire ressentir parce qu’il y aura des équipes en moins pour accompagner toutes ces personnes. »
Et du côté du CPAS et du Relais Social, on s’attelle à trouver des solutions pour arriver à faire plus avec moins d’argent. Surtout que le temps presse.
« Aujourd’hui, nous sommes le 22 septembre. Et c’est dans moins de deux mois, s’inquiète Laurent Ciaccia, le coordinateur général du Relais Social de Charleroi. Et donc on va devoir trouver des solutions avec nos partenaires. Sinon, ce sera une véritable catastrophe pour nous. »
Les Engagés disent amèrement regretter cette décision sans concertation au sein du Gouvernement ni avec les Régions. Le ministre-président de la Région Wallonne, Adrien Dolimont annonce, lui, dans un communiqué que le Gouvernement wallon prendra en charge la part que le Fédéral ne versera pas aux plans hivernaux. Des solutions se décident peut-être, mais il va falloir faire vite. Le froid est déjà à nos portes.
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