Une pollution probable à l'arsenic détectée autour des broyeurs de métaux en Wallonie

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Une pollution probable à l'arsenic détectée autour des broyeurs de métaux en Wallonie

Des dépassements de la valeur de risque pour la santé ont été observés pour certaines substances, notamment l'arsenic, dans les prélèvements réalisés auprès d'adolescents vivant aux alentours des sept broyeurs de métaux de Wallonie.

Toutefois, le faible taux de participation ne permet pas d'y imputer la responsabilité desdits broyeurs, a indiqué lundi l'Institut Scientifique de Service Public (ISSeP), à l'issue d'un biomonitoring réalisé auprès d'une centaine de jeunes en vue de déterminer les niveaux d'exposition aux métaux, PCB et autres polluants.
Ce biomonitoring, mené à la demande du gouvernement wallon, faisait suite à des études de caractérisation environnementale menées autour de certaines installations de broyage de métaux wallonnes, lesquelles avaient révélé l'émission dans l'air de particules contenant des polluants. Ces études n'avaient pas mis en évidence un danger immédiat pour la santé de la population environnante, mais il s'avérait nécessaire de poursuivre les analyses sachant que l'exposition chronique à certains polluants pourrait être néfaste pour la santé.
Ce sont au total 121 adolescents qui ont participé à ces analyses. Des concentrations significativement supérieures ont été relevées dans les prélèvements de ces riverains de broyeurs pour l'arsenic total, l'arsenic toxique, le plomb urinaire, le PCB-138 et le PFOS.
Toutefois, sachant que le projet ambitionnait de réunir 500 adolescents, ce "faible taux de participation ne permet pas de présenter des résultats concluants quant à la part de responsabilité des broyeurs dans l'exposition des riverains observée", relève-t-on à l'ISSeP.
Il est donc préconisé de poursuivre les recommandations précédemment émises afin de limiter l'ingestion de polluants. Il est notamment conseillé de ne plus consommer d'œufs et de lait autoproduits, de rincer soigneusement les fruits et les légumes collectés dans les jardins potagers ou encore de nettoyer régulièrement les habitations à l'eau.
 
Suite à cela, la réaction de la bourgmestre de Courcelles ne s'est pas fait attendre. Nous vous proposons l'intégralité du communiqué de Caroline Taquin:
Le bio-monitoring population - broyeurs à métaux, un flop total de la Ministre Tellier après 3 ans d’attente !
En 2020, je l’ai demandé, elle l’a refusé ! Finalement en 2021 elle s’est décidée à le commander et je l’attendais avec impatience … tout comme des centaines de riverains proches du site pollueur sur ma commune … 2024, une déception, encore une de plus, une de trop d’un dossier traité par la Ministre Tellier !
Un vrai bras de fer pour quel résultat !? Un échec qui semble avoir été orchestré .. trois ans d’attente c’est long quand il s’agit de la santé de vos citoyens !Ce bio-monitoring est un échec sur toute la ligne car il n’y a pas eu de volonté politique réelle !
Il ne livre que des résultats globaux reprenant tous les sites de broyeurs à métaux confondus et il « fait faire preuve de prudence » dans l’analyse et la conclusion tant l’échantillon est peu représentatif !
Je peux résumer cette analyse en deux termes : pas de responsabilités établies, pas de véritables conclusions et je n’en veux certainement pas aux scientifiques qui ont réalisé leur travail sérieusement sur base d’une ligne directrice impulsée par Madame la Ministre !
Et la déception est grande, ce bio monitoring est décevant et pour plusieurs raisons :
-       On vous annonce d’emblée une étude expérimentale, et encore une fois mon coup de sang ne s’adresse qu’à la Ministre en charge de ce dossier, alors que c’est une réelle analyse de terrain avec les riverains concernés qui était attendue !
-       Le manque de participation des ados : 121 ados seulement pour toute la Wallonie … recherchez la représentativité !  L’effectif est considéré comme ‘faible’ c’est le moins que l’on puisse dire … quand on veut on peut, la cible et la communication ne répondaient pas aux attentes des bourgmestres … déjà ! Et cela a été soulevé à plusieurs reprises.
-       L’analyse biologique de ces ados relève un taux important d’arsenic, de plomb et PFOS mais il m’est impossible d’obtenir la localisation géographique (sur la zone concernée) des quelques 6 ados courcellois qui ont participé à l’enquête ; cela m’a été catégoriquement refusé et cela pose aussi question.
- Les résultats livrés ne peuvent être interprétés que de manière globale. Il est impossible d’avoir une analyse détaillée par site alors que ce qui m’importe est d’avoir la réalité de terrain sur ma commune, comme chaque Bourgmestre est en droit de l’attendre pour assumer pleinement ses missions relatives à la protection de son territoire et de sa population.
-       L’analyse des poussières intérieures ne permet pas de faire un lien direct avec l’imprégnation mesurée chez les riverains ;
-       Aucune responsabilité n’est établie à ce stade avec l’entreprise de broyeur à métaux, une aberration !
- Avec cette parcimonie d’analyse, il est impossible de communiquer concrètement auprès de la population si ce n’est de rappeler les mesures préventives déjà mises en place et répétées et qui apparaissent comme une nouveauté dans les propos tenus par la Ministre.
Comment anticiper une éventuelle panique des ados face à la froideur d’un mail leur délivrant les résultats et les invitant à consulter leur médecin généraliste ? Un manque de tact et d’humanité, on frôle le burlesque si ce n’était pas aussi grave.
A ce stade, quels enseignements peut-on tirer de cette analyse longue de trois années ? Rien de concret !
Rien ne relie le bio monitoring à la société mais on peut envisager de reprogrammer l’expérience dans 5 ou 10 ans !? Rien de tangible pour la santé des citoyens, ce sont toujours les mêmes recommandations ! Rien de concret pour cadenasser les futurs permis d’environnement, uniquement des pistes à explorer, cela fait 20 ans qu’on nous bassine avec les mêmes pistes à explorer qui ne mènent à rien !
J’aurais souhaité au terme de cette étude être en mesure d’informer ma population de la situation de manière détaillée, s’il y a un risque avéré, le connaitre pour prendre les mesures qui s’imposent par rapport à l’entreprise Keyser.
Pour pallier encore à l’ineptie de cette analyse, la commune va étudier la possibilité de mettre un budget afin d’obtenir une étude circonstanciée propre à notre territoire !
Avoir des informations précises sur l’incidence des broyeurs sur les citoyens et particulièrement en ce qui me concerne, sur les citoyens courcellois, c’était et cela reste mon attente, malheureusement, force est de constater l’incompétence de la Ministre sur ce dossier mais sur d’autres également. Il est hors de question de venir semer la panique si nous n’avons pas de résultats précis !
En tant que bourgmestre, nous avons la responsabilité de la santé publique sur notre territoire. À Courcelles, nous avons fermé une école, nous avons demandé à la population de prendre des mesures de prévention par rapport aux broyeurs parce qu’on est inquiet quant au taux de PCB et autres. Et là, on a vraiment l’impression d’être face à de la nonchalance et de la mise en danger de notre population !
Pour me permettre d’envisager une fermeture de l’usine il me faut de la matière, du concret ; des alertes qui me viennent du département des contrôles de l’environnement, des liens de cause à effet de la nuisance provoquée sur la santé de mes citoyens, ici je n’ai rien ! Je vais de nouveau me tourner vers la police de l’environnement avec les chiffres qui ont été dévoilés au travers de l’enquête d’investigation et leur demander un nouveau rapport.
 Si j’ai le rapport qui me le permet, je pourrai prendre un arrêté de fermeture. Il faut savoir que quand un bourgmestre prend un arrêté de fermeture, il doit le faire sur des bases légales. Je note que toutes les portes restent fermées et cela me pose de réelles questions !


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