Le gouvernement fédéral rencontrera dans l'après-midi en comité de concertation les gouvernements régionaux, pour se pencher entre autres sur la réforme du chômage, l'un des gros morceaux de la politique de l'Arizona.
La limitation des allocations à deux ans a déjà fait couler beaucoup d'encre, car elle aura un impact certain sur les finances des CPAS, qui serviront de filet de sécurité à une partie des personnes exclues du chômage. En début de semaine, révèle mercredi le journal L'Echo, la Wallonie a adressé une note au "codeco", pointant entre autres un décalage entre la première vague d'exclusions du chômage (2026) et les compensations financières envisagées par le fédéral pour les CPAS (2027).
Selon le quotidien économique, c'est bien le signal qu'après avoir été fort discret sur la question, le gouvernement wallon (MR-Engagés) s'alarme désormais de la réforme du chômage, portée au fédéral par les mêmes partis. Une analyse partagée par la RTBF, selon laquelle il y a bien une "offensive" de Bruxelles et de la Wallonie, inquiètes pour la trésorerie de leurs pouvoirs locaux.
Au cabinet du ministre-président wallon Adrien Dolimont (MR), on tient à temporiser, mercredi: non, il n'y a ni offensive contre le fédéral, ni remise en question de la réforme, y assure-t-on, simplement un listing des questions à examiner autour de cette réforme du chômage, comme il avait été convenu. "On ne s'est pas exprimé en demandant une temporisation", précise d'ailleurs le libéral, interrogé en télévision sur LN24. La Wallonie attend en revanche des informations précises, "le plus rapidement possible", entre autres de la part de l'Onem, illustre-t-il. "Pour que l'on puisse actionner concrètement l'accompagnement des publics concernés par les conséquences de la réforme".
Selon L'Echo, la note transmise en prévision du Codeco table, sur base d'une hypothèse d'un tiers des chômeurs exclus qui se tourneront vers les CPAS, sur un surcoût net pour les CPAS wallons "de l'ordre de 90 millions d'euros". Dont 70 liés au financement local du revenu d'intégration (les CPAS financent en moyenne 70% de ces revenus). Et cela, dès 2026, si le timing de mise en œuvre à janvier prochain est maintenu. Or, il n'y aurait pas encore de compensation budgétaire du fédéral à ce moment-là.
Autre élément pointé par le gouvernement wallon, comme l'indique également la RTBF mercredi matin: le fédéral prévoit une augmentation de son financement des RIS, mais à condition qu'un "Projet individualisé d'intégration sociale" ait été conclu pour chaque personne exclue du chômage. C'est un travail qui prendra un certain temps. "Cela signifie que le calcul de la dotation fédérale à destination des CPAS pourrait n'intervenir qu'en fin d'année 2027, voire être reporté à l'exercice budgétaire suivant", rapportent les deux médias sur base de la fameuse note.
A Bruxelles, où le gouvernement est toujours en affaires courantes, les inquiétudes sont clairement exprimées. Le ministre Bernard Clerfayt, entre autres en charge de l'Emploi et des Pouvoirs locaux, a détaillé mercredi matin au micro de BX1 les demandes qu'il a transmises au fédéral via sa propre note, en prévision du Codeco. Bruxelles souhaite en premier lieu un étalement dans le temps de la mise en œuvre de l'exclusion des chômeurs de longue durée. "Tout en une fois, au 1er janvier (2026), c'est impossible pour les services administratifs, pour l'Onem, les CPAS, Actiris,..." D'ailleurs, le ministre DéFI rappelle que l'Onem lui-même a récemment tiré la sonnette d'alarme: "Toutes les indications techniques nous font penser que son système informatique ne sera pas prêt (en janvier 2026, NDLR) pour calculer les droits réels des chômeurs sur base des nouvelles règles, dont on discute encore!"
La Région bruxelloise insiste également sur le fait qu'il faut protéger les chercheurs d'emploi qui sont dans un parcours de formation. "Les exclure serait vraiment ridicule, et ne créerait pas les conditions pour qu'ils trouvent de l'emploi".
Selon les dernières estimations, 29.000 chercheurs d'emploi pourraient être exclus du chômage en janvier 2026 en Région bruxelloise, dont "10-11.000 iraient au CPAS", soit une augmentation de 28% pour ces centres. Autant de personnes "pour lesquelles il faut faire des enquêtes sociales", chose qu'il sera impossible d'effectuer en une fois, note le ministre auprès de BX1. Bruxelles attend une "indemnisation correcte" des CPAS, qui auront aussi besoin de personnel supplémentaire. "Pour nos CPAS, les coûts seraient de l'ordre de 120 millions, or le fédéral annonce 400 millions pour les CPAS du pays entier".
À noter qu'avant le Codeco, mercredi après-midi, le Premier ministre rencontrera Matthias Diependaele et Adrien Dolimont, les ministres-présidents flamand et wallon. Interrogé mardi à ce sujet à la Chambre, Bart De Wever avait assuré ne pas vouloir exclure Bruxelles de ce dialogue entre le fédéral et les Régions, mais attendre que la Région-capitale ait "un gouvernement" (de plein exercice, NDLR).
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