Victime d’un grave accident électrique, Eddy a passé un an à l’hôpital avant de tout perdre. Trois ans plus tard, il vit dans la rue à Charleroi. Entre douleurs, soins quotidiens et perte d’estime de soi, il raconte un combat pour rester digne.
Eddy fait partie des nombreux sans-abri qui errent dans les rues de Charleroi. Cela fait trois ans et demi que sa vie a basculé. Tout ce qu’il connaissait: le confort, la chaleur, la stabilité a volé en éclats.
« Depuis trois ans maintenant, je suis à la rue, confie-t-il. Suite à un accident, j’ai été complètement brûlé. Comme j’étais dans le coma à l’hôpital, mon propriétaire n’avait plus de nouvelles et il a donc mis fin à mon bail. »
Le point de bascule se produit un soir d’automne, dans les bâtiments de l’ancien hôtel Leonardo. Eddy accompagne quelqu’un pour récupérer du cuivre et se faire un peu d’argent. Il raconte :
« Toutes les grilles étaient ouvertes, aucun panneau ne signalait le danger. Tout laissait penser que le courant était coupé, sauf qu’il y avait encore 12 400 volts qui ont traversé mon corps. »
Résultat : un an d’hospitalisation, dont trois mois de coma, et pas moins de 37 anesthésies générales en à peine deux mois et demi.
Brûlé au deuxième et troisième degré sur 80 % du corps, Eddy nécessite des soins constants. Mais lorsqu’on vit dehors, difficile de s’acheter les produits nécessaires.
« Je dois hydrater ma peau au moins trois fois par jour, ce qui est très compliqué », explique-t-il.
Il doit tout anticiper, sans jamais oublier de panser ses plaies — même lorsqu’il se rend dans une association pour se laver.
« Je dois être le premier, car les lieux ne sont pas toujours bien désinfectés, et je risque d’attraper la moindre bactérie. »
Comme un Belge sur quatre, Eddy est touché par la précarité. Il ne veut rien négliger, mais n’a plus vraiment le choix. Ce qu’il souhaite aujourd’hui, c’est un logement : une solution simple, mais essentielle, qui lui permettrait de résoudre une partie de ses problèmes.
Même s’il existe des aides, le manque d’estime de soi peut devenir un véritable frein, entraînant un effet boule de neige : on ne se lave plus, les odeurs apparaissent, la gêne s’installe, on évite les autres jusqu’à se retrouver seul. Dans la rue, prendre soin de soi, c’est un combat de tous les jours.
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