Un immeuble sur l’ancien parking de la gare de l’Ouest à Thuin ? Le projet fait grincer des dents. Terrain vendu, permis en zone blanche, arbres abattus… Retour sur un dossier urbanistique tendu.
À Thuin, un projet immobilier crée la polémique. Un immeuble pourrait sortir de terre sur le parking de l’ancienne gare de l’Ouest. Mais comment en est-on arrivé là ? Il faut remonter à 2021: Infrabel, alors propriétaire du terrain, le met en vente. La Ville pouvait l’acquérir pour 30 000 euros, mais ne bouge pas. Finalement, le terrain est vendu à un promoteur privé pour 80 000 euros.
« À l’époque, nous étions en pleine crise sanitaire, avec des moyens limités. On ne pouvait pas faire ce qu’on voulait », se souvient le conseiller communal Vincent Demars. « Face à l’offre supérieure du promoteur privé, la Ville ne pouvait pas suivre. »
Dans la foulée, le nouveau propriétaire entame les démarches pour obtenir les autorisations nécessaires auprès du fonctionnaire délégué de la Région wallonne. La particularité du terrain: il se trouve en zone blanche. Dans ce cas, la Ville n’a aucun pouvoir décisionnel.
« C’est le fonctionnaire délégué qui est seul compétent, à la fois pour délivrer le permis, mais aussi pour en fixer les conditions : enquête publique ou non, etc. La Ville n’a qu’un avis consultatif, comme le DNF ou encore la cellule RAVeL. Ce sont des avis non contraignants », poursuit Vincent Demars.
Nous avons évidemment tenté de joindre le fonctionnaire délégué, en vain. Ce sont les citoyens eux-mêmes qui ont découvert le projet via une annonce immobilière. Très vite, un collectif s’est formé pour s’y opposer.
« En moins d’une semaine, nous avons récolté 550 signatures (pour la pétition, ndlr). C’est énorme. Cela montre bien que les gens sont opposés au projet, voire hostiles », affirme Pierre-Jean Foulon, porte-parole du collectif "Sauvons le site de la gare de l’Ouest".
Quatre marronniers sont présents sur le terrain. Trois d’entre eux, pourtant reconnus comme "arbres remarquables", ont reçu l’autorisation d’être abattus.
« Ces arbres ont été classés en 2022. Et en 2024, on autorise l’abattage de trois d’entre eux. C’est incompréhensible, on s’insurge évidemment », déplore encore le collectif.
Entre-temps, les élections sont passées, et une nouvelle majorité est en place. Peut-elle encore faire machine arrière ?
« On s’est penché sur la question. Le Code du Développement Territorial est très clair: le Collège communal dispose de 30 jours à partir de la délivrance du permis pour introduire un recours. Or, le permis a été accordé en mai 2024. Les délais sont donc largement dépassés », explique Rachel Sobry, la nouvelle bourgmestre de Thuin.
Et côté musée du tram, qui se trouve aussi en zone blanche, faut-il s’attendre à d'autres projets ?
La bourgmestre se veut rassurante: « Dans le cadre du permis lié à l’immeuble, un parking est prévu à cet endroit. Il n’est pas question de construire davantage. »
L’ancienne majorité avait tenté de limiter les dégâts en revoyant à la baisse les dimensions du projet. Cela dit, on est encore loin du premier coup de pelle. Il faudra d’abord qu’un investisseur se manifeste et mette sur la table un peu plus de 800 000 euros.
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