Cette semaine était celle de l’éducation aux médias. Un classique pour ne pas dire un marronnier comme on dit dans le jargon journalistique. Sauf que cette fois, on a le sentiment que jamais l’éducation aux médias n’a été aussi fondamentale qu’en 2025.
Parce que les jeunes ne consomment plus les médias de la même manière. Lire un quotidien ou regarder les journaux télévisés ne fait plus partie de leur culture. Aujourd’hui, les nouvelles générations s’informent autrement, singulièrement au travers des réseaux et du web.
Ça change à peu près tout. Auparavant, l’information qui alimentait le quotidien de la population, et donc des jeunes, était essentiellement fournie par la presse traditionnelle — traduisez : des journalistes dont c’est le métier, qui vérifient et recoupent leurs sources et traitent les faits de la manière la plus objective possible. Aujourd’hui, en revanche, n’importe qui peut devenir un fournisseur de contenu qui, souvent, n’est pas vérifié ni recoupé. Les jeunes sont donc soumis de manière quasi permanente à un flot continu d’informations qu’ils absorbent comme des éponges, sans avoir de recul. Une sorte de lobotomie où l’esprit critique a tendance à s’évanouir et qui, en plus, est renforcée par les algorithmes : plus on prend des informations sur un sujet, plus ce sujet reviendra sur le fil d’actualité, enfermant ainsi les jeunes dans des bulles de certitudes parfois complètement à côté de la réalité ou des faits avérés.
Le risque majeur, c’est que l’opinion devienne un fait comme un autre. En clair, certains en arrivent aujourd’hui à considérer que leur opinion, leur vision du monde parfois bien arrêtée, vaut autant qu’une vérité avérée, comme une vérité scientifique ou un fait démontré et établi. C’est ce qu’on appelle la post-vérité, ou vérité alternative, qui permet de dire tout et n’importe quoi en estimant que cela a au moins autant de valeur que le réel établi. Ce qui mène, in fine, à l’évaporation de la réalité et peut même contribuer à alimenter le complotisme et la remise en question de l’État de droit, de la justice et des institutions en général.
D’où l’intérêt de l’éducation aux médias.
Les nouveaux modes d’information, et surtout la nouvelle manière de les consommer, ne sont pas le diable. Ils peuvent être intéressants. Et, finalement, ce qui compte, c’est que les jeunes continuent à s’informer. Mais il faut pouvoir les encadrer, les expliquer, nourrir l’esprit critique. Faute de quoi, c’est notre socle démocratique commun qui risque de s’effondrer